Dracula Chapitre III

 

 

" Le 22 novembre 20XX

 

Cher journal,

 

Ce début de semaine a été plutôt difficile, les cours me prennent beaucoup de temps. J'ai aussi rompu mardi soir avec mon petit ami. Dimeo me reproche mon investissement dans mes cours depuis plus d'un mois. Combien de fois ai-je entendu "J'en ai marre de tes cours" ou "Tes cours passent avant moi". Il m'agace. Il ne comprend pas l'importance de mes études. Dra me paye gentiment une école privée, alors je ne vais pas glander et faire la fête. Au contraire, je veux travailler sérieusement pour avoir un bel avenir.  Avec Dim,  nous ne sommes plus du tout sur la même longueur d'onde. Nous sommes tellement différents. Lui aime sortir tous les soirs à diverses soirées étudiantes, tandis que je préfère rester au château à lire, ou à profiter de ma famille et de ma meilleure amie. Je n'aime pas les fêtes, ce n'est vraiment pas ma tasse de thé. Il voudrait que je vienne le voir jouer à tous ses matchs de foot, mais ce n'est pas mon truc non plus. Je préfère bosser mes cours plutôt que perdre un après-midi à voir des mecs courir après un ballon ! Je pense qu'avec Dimeo, nous avons fait le tour de notre histoire. Et puis, depuis quelques mois, j'ai commencé à ressentir une légère attirance pour un autre homme, quelqu'un que je n'avais jamais vu ainsi jusqu'à il y a peu... "

 

Je suis allongée sur mon lit quand j'entends des bruits de pas dans le couloir. Je ferme rapidement mon journal et le glisse à la hâte sous mon oreiller. Quelques secondes après, la porte s'ouvre et laisse apparaître Dracula en tenue décontractée. Je lui dois beaucoup, sans lui, je ne sais pas où je serais en ce moment. Il a eu la gentillesse de me recueillir, alors que je n'étais encore qu'un bébé, abandonné devant sa porte. J'aurais pu le voir comme un père, mais je l'ai toujours considéré comme une sorte de grand frère de cœur. J'ai toujours su que nous n'étions pas de la même famille, et je le remercierais jamais assez d'avoir pris soin de moi.

 

Au premier abord, il est ronchon et un peu grincheux, mais il a un côté gentil qu'il me montre parfois. Il ne m'a pas élevée tout seul, dieu merci ! Je ne sais pas comment il aurait fait. Anne, sa gouvernante, que j'ai toujours considérée comme une maman, l'a beaucoup aidé. Elle a maintenant passé soixante-dix ans. Elle est encore en forme pour son âge, mais Dra ne veut plus qu'elle s'occupe de l'entretien du château. Pour ce qui est des tâches ménagères, une femme de ménage vient trois fois par semaine depuis environ cinq ans. Pour les repas, nous les préparons à tour de rôle. Dra ne sait pas très bien cuisiner, mais ses plats restent, dans l'ensemble, mangeables. Je vais également faire les courses à la place d'Anne. Si je n'ai pas le temps, Dra s'en charge, enfin, il commande sur le drive tel un feignant et m'envoie chercher les courses à la fin des cours. 

 

 Amé ? 

 

Amé, ou plutôt Améthyste, est le prénom que Dracula m'a donné alors que je n'étais encore qu'un bébé, abandonné, sans aucun nom. Plutôt triste, non ? Encore aujourd'hui, je ne comprends pas comment mes parents ont pu me laisser devant une maison. N'ont-ils pas de cœur ? En tout cas, j'aime beaucoup le prénom que Dra m'a donné, je n'en aurais pas voulu un autre. L'Améthyste est une pierre précieuse et plus exactement une variété de quartz violet. Pour mes dix-huit ans, Dra m'a offert une magnifique bague en or blanc ornée de cette pierre fine. Son cadeau m'a vraiment touchée, j'étais si émue que j'ai pleuré comme une madeleine pendant de longues minutes. Je n'ai peut-être pas de parents, mais j'ai la chance d'avoir une famille extraordinaire. Pour mes vingt ans, j'ai eu le collier qui complète la parure, lui aussi orné d'une Améthyste. Depuis, je les porte tous les jours, je ne les ai jamais enlevés, pas même le soir pour aller dormir. Ce sont mes trésors. Dimeo déteste ces bijoux, si je pouvais casser le collier ou perdre la bague, il en serait plus que ravi. 

 

— Trou duc vient ce soir ? demande-t-il.

 

Trou duc est le petit nom affectif que Dra a donné à mon ex-copain, Diméo. Il ne l'a jamais apprécié pour je ne sais trop quelle raison. Peut-être parce qu'il voit qu'il ne prend pas soin de moi, du moins, pas comme un petit ami devrait le faire.

 

 Je ne pense pas, tu sais, la semaine il préfère aller à ses stupides soirées étudiantes, soupiré-je.

 

 Ce mec est un trou du cul Amé, je te l'ai déjà dit, tu mérites tellement mieux, m'avertit-il avec une pointe de tristesse dans la voix.

 

 Je sais Dra... je sais.

 

Je le sais mieux que quiconque que Diméo ne me mérite pas, qu'il ne prend pas soin de moi et que je suis la dernière de ses préoccupations. Ses copains et ses soirées sont ses priorités, mais en réalité, je m'en fiche un peu maintenant. Plus jeune, j'en ai souffert, je voulais plus d'attention, mais j'ai vite compris que je ne serais jamais une de ses priorités. Depuis toujours, ses potes sont passés avant moi. J'ai fini par l'accepter quand j'ai compris qu'il ne serait pas l'homme de ma vie, mais seulement un amour de jeunesse. Je me suis rendu compte que je le vois comme un ami maintenant. Les sentiments que j'avais pour lui se sont transformés en amitié avec le temps. Et je pense que lui aussi, nous n'avons pas couché ensemble depuis plus de trois mois maintenant. Ma meilleure amie m'a dit que ce n'est pas normal pour un couple de jeunes amoureux. Elle a raison, et justement, nous ne sommes plus amoureux. C'est pourquoi j'ai décidé de tout arrêter. Je lui ai demandé de passer au château mardi soir pour qu'on parle, il est venu dix minutes plus tard. J'ai débité mon monologue, en lui expliquant ce que je ressentais et pensais de nous deux. Il m'a écouté attentivement parler, puis a ajouté un "ok, ça me va aussi". Je ne m'attendais pas à des pleurs, ni des cris, mais quand même. Il ne m'a donc jamais aimée ? Il n'a plus de sentiments pour moi depuis si longtemps que la rupture lui passe par-dessus la tête ?  Il s'en fichait vraiment. J'étais un peu déçue et en colère. Il a regardé son téléphone et m'a annoncé qu'il devait rejoindre des potes. Puis, il m'a laissée, sans un mot, sans un dernier regard. J'ai crié un "connard" quand il a refermé la porte derrière lui.

 

 Tu pourras aller faire les courses tout à l'heure ? demande-t-il en me sortant de mes pensées.

 

— Oui, j'y vais dans dix minutes, souris-je. 

 

— Merci.

 

Sur ces mots, il quitte la pièce. J'attrape mon journal sous mon oreiller et l'ouvre à la dernière page où il est écrit en gros : DRACULA. Qu'est-ce que c'est, me direz vous ? Depuis quelque temps, je note toutes les petites choses étranges que je trouve à son sujet. Je sais qu'il cache quelque chose, un secret, mais je n'ai aucune idée de ce dont il s'agit. Je finirai par le découvrir tôt ou tard. En premier lieu, j'ai noté sa jeunesse, évidemment. C'est la première chose étrange qui m'a interpellée depuis l'enfance, pourquoi diable ne vieillit-il pas ? Je lui ai posé la question plus jeune, mais il m'a inventé un mensonge complètement absurde que j'ai cru, enfant, par naïveté. Maintenant, je n'y crois plus une seule seconde, à sa mystérieuse maladie qui le rend soit-disant éternellement jeune. Je n'ai pas le courage de lui demander de but en blanc, en face à face. J'ai peur qu'il essaye encore de noyer le poisson par un autre mensonge. Je préfère le démasquer. Amé Holmes est en pleine enquête et elle compte bien la mener à bien !

 

J'ai également remarqué qu'il a un problème avec l'eau. Il ne prend jamais de douche ou de bain, par contre dans le meuble de salle de bain il y a un stock de lingettes pour bébé. Je sais que c'est à lui car je l'ai déjà vu se laver le visage avec. Je me suis également rappelée une anecdote à laquelle je n'avais pas prêté attention à l'époque. Je devais avoir environ douze ans quand Dra a cédé à un de mes caprices : un pique-nique au bord d'un lac. Nous avons donc fait quelques heures de route avec Anne et Dra pour nous rendre dans un endroit fabuleux. Un petit coin paradisiaque truffé d'arbres et de fleurs. Après le repas, pendant qu'ils lisaient tranquillement, je suis allée jouer à l'aventurière près du lac. En sautant sur les gros rochers sur le bord, je suis tombée à l'eau. Ne sachant pas bien nager et prise de panique, je n'arrivais pas à remonter. Je battais des bras et des pieds frénétiquement, mais je faisais du sur place. Dra est arrivé en courant, alerté par mes cris, et  n'a pas hésité a plonger pour venir me récupérer. Quand il m'a attrapé le bras, j'ai senti une sensation étrange, comme si j'avais reçu un coup de jus. Il m'a ramenée sur la terre ferme et m'a passé un sacré savon. S'il avait pu, je crois qu'il m'aurait mis une fessée, il hurlait de colère, les yeux révulsés. Il était hors de lui. Il avait eu peur de me perdre, lui qui souffrait d'une immense solitude, j'étais devenue sa bouffée d'oxygène. Si ce jour-là, j'avais été emportée par le courant et me serais noyée, Dra serait mort de chagrin. Il s'était attaché à la chipie que j'étais. Après son interminable réprimande, il a dormi tout le reste de l'après-midi en m'interdisant de m'éloigner à plus d'un mètre de lui. J'ai bien évidemment tenté de m'éclipser, en vain. A chaque fois que je m'éloignais, il me rappelait en criant. Au bout de la troisième fois, il m'a menacé de m'attacher à un arbre, alors je suis restée sagement assise à ses côtés. Je me souviens que le lendemain, il a été cloué au lit avec une violente fièvre qui a duré presque deux semaines. Plutôt étrange...

 

J'ai déjà pensé à fouiller sa chambre, pour essayer de dénicher des preuves ou d'autres choses bizarres, mais je n'ai jamais réussi à trouver un créneau. Comment fouiller une pièce alors que la personne est toujours dans les parages ? Il ne sort jamais du château, à part pour aller dans le jardin, lors de rares occasions. Quel casse-pied !

 

Je soupire et referme mon journal avant de le ranger dans sa cachette : entre le matelas et le sommier. Dra ne risque pas de le trouver ici, le jour où il fera un lit, il pleuvra des grenouilles.

 

Je me lève pour prendre mon manteau dans mon dressing et me dirige vers la cuisine. Dra est attablé au bar, un verre de jus de tomate, il me tourne le dos. Il est tellement concentré sur son écran d'ordinateur portable, qu'il ne me voit même pas arriver. Je m'approche à pas de loup et lui pince les côtes. Il pousse un cri en sursautant, avant de se retourner.

 

 Bon sang, Amé, tu m'as fait peur, ronchonne-t-il.

 

— C'était le but, souris-je. Qu'est-ce que tu regardes ? demandé-je par-dessus son épaule.

 

Au moment où mes yeux se posent sur l'écran, il abaisse le clapet et referme son ordinateur. Je fais la moue, vexée. Que cache-t-il encore ? Il n'en a pas marre d'avoir des secrets ? Il se contente de me lancer ce petit sourire en coin qui a le don de me troubler. Je l'avertis que je vais faire les courses et sors de la cuisine en le laissant seul avec ses petites cachotteries.

 

Je suis au supermarché depuis plus de dix minutes, le caddie se remplit au fur et à mesure. J'y ai rajouté quelques sucreries, c'est le privilège de celui qui va faire les courses. Alors que je parcours les rayons, mon regard s'arrête sur l'ail. J'esquisse un petit sourire en me remémorant un souvenir de l'année passée.

 

 

***

 

 

Je suis assise devant mon ordinateur, bien décidée à percer le secret de Dra. J'ouvre la page Google et tape "créature fantastique" dans la barre de recherche. J'ouvre un site internet et survole la liste des divers êtres surnaturels. Ange ? Non, peu probable. Il n'a pas de paire d'ailes dans le dos et je le vois mal avec une auréole au-dessus de la tête. Je ris en imaginant Dra en ange. Quel tableau ! Impossible, démon à la rigueur ! J'élimine évidemment les plus improbables comme centaure ou dragon. Fantôme ? Non, d'après le nombre de fois où je me suis chamaillée avec lui, je peux dire qu'il est dur comme la pierre. Je n'ai pas traversé son corps. Je continue ma lecture et certains noms familiers m’interpellent : vampire et loup garou. On en parle beaucoup dans les films ou dans les livres. Et s'ils existaient vraiment ? Je tape d'abord "loup garou". Je commence à lire à voix haute :

 

 Le loup garou aussi appelé lycanthrope, désigne un être humain qui possède la faculté de se transformer en loup, de façon volontaire ou non. La métamorphose se déclenche généralement durant les nuits de pleine lune, obligeant le lycanthrope à se transformer en loup jusqu'aux premiers rayons du soleil.

 

Je n'ai rien trouvé d'autre sur le loup garou, pas de caractéristique particulière. Sur certains sites, on lui prête une force surhumaine, mais rien de plus. N'ayant jamais vu Dra sous forme de loup, cela ne m'aide pas du tout. Néanmoins, je garde cette idée dans un coin de ma tête.

 

Je tape maintenant "vampire" dans la barre de recherche. Cette fois-ci, je trouve beaucoup plus d'informations, il y a beaucoup de sites internet qui parlent de cette créature. Et bien, les suceurs de sang ont vraiment la côte ! Je m’aperçois que d'une page internet à l'autre, certaines caractéristiques sont différentes. Les légendes et les histoires ne sont pas les mêmes non plus. Après plusieurs heures de recherches sur différents sites, tels que Wikipédia, je note sur une feuille ce qui revient le plus souvent :

 

Le vampire se nourrit de sang. Jusqu'à aujourd'hui, je n'ai jamais vu Dra avec une poche d'hémoglobine et il n'a jamais sucé mes blessures lorsque je me blessais étant enfant. 

 

Le vampire dort dans un cercueil. Là encore, je fais chou blanc. Notre cher Dracula possède un lit bien confortable, pour l'avoir testé étant plus jeune, je sais de quoi je parle.

 

La transformation en chauve-souris ? A ce jour, je ne l'ai jamais vu se métamorphoser et ni vu cet animal dans le château.

 

Lire dans les pensées ? Je ne pense pas, sinon le pauvre aurait rougi une paire de fois. Et puis, bonjour l’intrusion dans la vie privée !

 

On retrouve aussi souvent l'absence de reflet dans le miroir, l'incapacité à s'exposer à la lumière du soleil et la jeunesse éternelle. La seule de ses hypothèses dont je sois sûre est la dernière.

 

J'ai aussi trouvé que le vampire craignait l'ail, les pieux dans le cœur et  les crucifix. Je ne me vois pas planter un bout de bois dans le cœur de ce cher Dra pour vérifier cette supposition. En ce qui concerne le crucifix, à part sur internet, je ne sais pas où m'en procurer un. J'imagine la scène pour demander à Dracula sa carte bancaire, pour je cite "acheter un crucifix pour voir si tu es un vampire ou non". Il refuse que j'en possède une, il préfère me donner de l'argent de poche. Après réflexion, l'ail, très facile à se procurer, fera l'affaire. 

 

Quelques jours plus tard, un après-midi après les cours, je me rends au supermarché pour acheter une gousse d'ail. Ce soir-là, c'est à mon tour de cuisiner et je compte bien en mettre une bonne dose dans le plat principal. Le moment tant attendu arrive enfin et je suis impatiente de voir la réaction de Dracula. Je guette attentivement le moindre signe ou changement de son visage, mais rien. Il mange son plat, impassible, sans aucune grimace. Il finit son assiette et me remercie pour ce bon repas, avant de se lever pour débarrasser sa place. La tentative de l'ail a lamentablement échoué. Dracula 1 - Amé 0.

 

***

 

Je suis ramenée brusquement à la réalité quand mon fessier s'écrase sur le sol. Je cligne des yeux et essaye de reprendre mes esprits. On me tend une main que j'accepte, toujours abasourdie et déroutée par ce qu'il vient de se passer. Une fois sur mes deux jambes, je me masse doucement le bas du dos. Un jeune homme d'une vingtaine d'années se tient devant moi, l'air gêné.

 

 Je suis désolé, j'étais distrait. Je vous ai vue au dernier moment, mais il était trop tard, m'explique-t-il en s'excusant. 

 

Je comprends rapidement que cet homme m'a bousculée, et que, perdue dans mes pensées, je suis tombée sur les fesses. Je suis morte de honte et je rougis quand je m’aperçois que les regards sont tournés vers moi. Je déteste être au centre de l'attention, je suis le genre de fille qui n'aime pas se faire remarquer en public. Et c'est justement ce qui est en train de se produire en ce moment même. J'ai envie de partir en courant.

 

 Pas de soucis, le rassuré-je. Au revoir.

 

Je coupe court à la conversation et pousse mon caddie. Je pars le plus vite et le plus loin possible de toute cette agitation. Je me dépêche de faire les quelques courses restantes pour pouvoir rentrer.

 

 

Je me gare devant le château et sors de la voiture pour ouvrir le coffre. J'envoie un message à Dra pour qu'il vienne m'aider. Je m'occupe des courses, il peut bien me donner un coup de main.

 

"Je suis là, j'ai besoin de tes gros biceps, popeye ! "

 

"Qu'est-ce que j'ai en échange ? Tu prends une semaine de cuisine ? "

 

Il ne perd pas le nord, toujours à l’affût pour échapper à ses corvées celui-là ! C'est presque tentant, au moins quand c'est moi qui m'occupe des repas, les plats sont bons. Mais je ne dois pas céder à sa requête, j'ai des révisions et il a besoin d'entraînement pour progresser. Quel feignant !

 

"'N'abuse pas ! Par contre, tu auras ma reconnaissance éternelle ! :D "

 

— Je l'ai déjà, non ? demande une voix derrière moi.

 

Je sursaute et pousse un petit cri de surprise. Cet idiot m'a fait peur ! Une fois que mon cœur a repris un rythme de battement régulier, je souris. Il a raison, ma reconnaissance, il l'avait déjà depuis longtemps et il l'aurait jusqu'à la fin de mes jours. Je prends quelques secondes pour l'admirer. Ses cheveux châtains foncés sont ébouriffés, avec quelques épis m'indiquant que monsieur a fait la sieste. Ses yeux marrons me fixent et je me sens fondre sous son regard. Son petit sourire, que j'aime tant, accélère les battements de mon pauvre petit cœur d’artichaut. Ses lèvres ont l'air si douces et si chaudes... Peut-être que juste une fois, je pourrais...

 

Dra me sort de mes pensées en m'ébouriffant gentiment les cheveux, comme si j'étais encore une gamine. Je crois que mes règles que je supporte depuis des années me classe dans la catégorie femme. D'ailleurs, le préjugé comme quoi nous sommes irritables les de nos menstruations est complétement faux ! Par contre, Dra est d'une humeur de chien lorsque je les ai. Il ronchonne et soupire toute la journée. C'est l'hôpital qui se fout de la charité. C'est moi qui douille, mais c'est lui qui râle ?

 

Il enlève sa main pour attraper quatre sacs et part en direction de la cuisine. Je prends les deux derniers et le rejoins en courant. Je m'occupe de ranger les courses. Je préfère le faire seule, une fois j'ai retrouvé une plaque de chocolat au congélateur et des yaourts en dessous de l'évier. Dra m'observe, assit depuis le bar et prend la parole après quelques secondes.

 

 On mange quoi ce soir ? demande-t-il.

 

Je réfléchis un instant, mais rien ne me vient en tête, je n'ai aucune motivation pour cuisiner. J'ai plutôt envie de la jouer fainéante et de manger McDo. Oh oui, je veux un gros hamburger avec des frites. Je me retourne pour lui faire face et lui fais les yeux doux tout en souriant. Il émet un petit rire.

 

 C'est quoi ces yeux de merlan frit ? taquine-t-il.

 

 Je ne vois pas de quoi tu parles, dis-je en continuant de cligner des yeux.

 

 Qu'est-ce que tu veux me demander, Amé? Accouche.

 

 Je veux manger Mac Do, enthousiasmé-je. 

 

 Ces hamburgers chimiques ? grimace-t-il. Je ne sais pas ce que tu trouves à ce genre de nourriture, soupire-t-il. De mon temps...

 

— STOP !!! Je sais, de ton temps vous alliez au champ cueillir les légumes à la sueur de votre front et vous mangiez avec fierté votre récolte, taquiné-je.

 

— Chipie, sourit-il.

 

 

Il grimace quand je lui demande de m'accompagner. Dra sort rarement du château, c'est dommage, il loupe tellement de chose à rester enfermé entre quatre murs. Il pourrait au moins m'accompagner en voiture, il n'y en a pas pour longtemps. Je lui demande une nouvelle fois, mais il garde le silence. Il est dur en affaire, encore plus quand il faut le sortir de son trou. 

 

 S'il te plait, viens avec moi. J'ai envie d'un peu de compagnie après ma rupture.

 

Il me dévisage, surpris. Il doit penser que je plaisante, mais voyant mon air sérieux, il comprend que je ne mens pas. Il passe sa main dans ses cheveux et se gratte la tête. Il ne doit pas savoir quoi dire, après tout, c'est toujours délicat, les ruptures. On ne sait jamais comment réagir dans ces cas-là. 

 

 Oh Amé, je suis désolé.

 

Je sais qu'il l'est réellement. Même s'il n'aime pas Diméo, Dra ne souhaite pas que je sois triste. Ce qu'il ignore pour le moment, c'est que je vais bien, je me sens comme libérée d'un poids. Cette relation me pesait depuis un moment. Après quelques secondes, Dra accepte de m'accompagner au Drive, par curiosité et par compassion. 

 

 

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Commentaires: 2
  • #1

    Ayumi (mercredi, 16 mai 2018 23:30)

    *arrive en marchant sur un long tapis de rose* vive moi pour la libération des vieilles femmes surexploitées. Cette pauvre gouvernante va pouvoir prendre sa retraite en paix =D mdr
    Par contre attends, tu m'expliques un truc. Le type peut pas prendre un bain, une douche ou même aller dans l'eau sans être malade et il boit du thé ????!!! Du thé quoi. Le truc composé à 99% d'eau xD t'as jeter la logique à la poubelle ma belle mdr

    Sinon j'adore ce chapitre j'ai beaucoup ris et Amé est vraiment géniale je l'imagine tellement avec ces stratagèmes la ahaha

    Jai hâte de voir l'épisode au macdo xD

    Des bisous ma belle ❤️

  • #2

    Hanna (jeudi, 17 mai 2018 09:57)

    Anne te sera reconnaissante jusqu'à sa mort XD
    Oui le thé, putain j'en bois plein et j'ai pas capter XDD je trouvais ça fesait un peu boisson de petit vieux c'était bien pour lui ... mais merde il y a de l'eau soif faut que je trouve autre chose !

    Merci :DDD

    Oh si tu savais ce qui t'attend hihi

    Bisousssss <3