Tu seras à moi - Chapitre II

 

 

Je me sens un peu gênée pour elle, j'ai visiblement touché un sujet sensible. Même si je n'approuve pas la relation qu'elle entretient avec mon père, je n'ai pas le droit d'ouvrir des blessures profondes. Je peux comprendre que grandir sans papa laisse des traces et des traumatismes. Je ne connais Sakura que depuis deux jours, mais j'ai compris une chose dans cette voiture. Elle fait erreur sur toute la ligne. Je ne sais pas qui est cette Ino, mais pense qu'elle a raison. Maintenant que je suis au courant concernant l'absence de figure paternelle dans sa vie, je suis persuadé qu'elle associe le mien au sien. Je ne suis pas du genre jaloux, je veux bien partager mon père, mais pas comma ça. Elle ne peut pas continuer à le fréquenter de la sorte !

 

La première fois que je l'ai aperçu au restaurant, je l'ai trouvé magnifique. Quand mon regard a croisé ses beaux yeux émeraude, j'ai eu l'impression d'être coupé du monde. Nous étions toujours dans la pièce, mais seule. Elle et moi. Des frissons ont parcourus mon corps, de la tête au pied. J'ai détesté l'effet qu'elle avait sur moi, cette sensation que je n'avais jamais ressentis auparavant. Et puis, mon père est réapparu dans mon champ de vision. Elle osait sortir avec lui. Avant même de la voir, de la rencontrer, je la détestais. Cette femme qui sortait avec un homme qui pouvait être son papa, qui blessait ma mère et qui en avait probablement après notre argent. 

 

Quand je l'ai vu se pointer dans MON entreprise sous la recommandation de mon père.... J'ai bien cru que j'allais devenir fou ! Il osait me la fourguer sous mon nez, alors qu'elle lui appartenait. Je l'ai appelé à la seconde où elle a refermé la porte pour lui dire ce que je pensais que son idée débile. Mais il n'a rien voulu entendre. Nous embaucherions Sakura, que je le veuille où pas. Le chef avait parlé, je n'avais plus qu'à obéir, en silence. 

 

Dès qu'elle appairait dans mon champ de vision, mon corps et mon cerveau se livre un combat intérieur. La haine que j’éprouve pour elle, mais aussi ce désir inexpliqué. A chaque fois qu'elle quittait mon bureau, je ne pouvais détourner les yeux de son derrière moulé dans sa jupe. Mon imbécile et faible de pénis, ne pouvait s'empêcher de réagir. J'avais l'impression d'être un puceau qui découvre les formes féminines pour la première fois de sa vie. Pourtant, dieu sait que je connais très bien le corps des femmes. J'étais devenu faible en sa présence.La détester ou la désirer ? Je pouvais peut-être la prendre à mon père ? Comme ça, tout serait réglé. Elle ne partagerait plus la vie et le lit de mon paternel et je pourrais l'avoir pour moi. Quand j'ai fais tomber volontairement cette boite de trombone, je l'ai trouvé mignonne à tirer sur le tissu de sa jupe afin d’essayer de cacher ses longues jambes fines. J'aime aussi la voir s'énerver, il y a un côté excitant.

 

Je sais que mon charme ne la laisse pas indifférente. J'ai pu voir à plusieurs reprises, son regard se poser discrètement sur moi. Ses yeux reflètent la même chose que les miens, de la colère et du désir. Un cocktail explosif. 

 

Nous approchons de notre lieu de rendez-vous. Je trouve une place libre quelques mètres plus loin. 

 

- Nous sommes arrivés, annoncé-je.

 

Je sors et contourne la voiture pour ouvrir la portière à Sakura. Un vrai gentleman ! Elle esquisse un petit sourire avant de lever les yeux au ciel. Nous nous dirigeons vers le restaurant en silence. J'ai la vague impression que mon assistante commence à stresser, elle à l'air tendu comme ma bite. Euh, un string. Tendu comme un string !

 

Nous pénétrons à l'intérieur et je m'avance vers le bar d'accueil.

 

- Bonjour. Nous avons une réservation au nom d'Uchiwa.

 

L'homme baisse la tête et jeté un oeil à son registre. Il se redresse quelques secondes plus tard, un sourire aux lèvres. 

 

- Enchanté, je vais vous conduire à votre table. Vos invités sont déjà arrivés, suivez-moi.

 

Je fusille Sakura du regard et elle me répond par un haussement des épaules. Nous sommes en retard et par sa faute ! J'espère ne pas avoir fait attendre notre client trop longtemps. Certaines personnes détestent patienter. Comme on dit dans notre milieu : le temps, c'est de l'argent. J'emboîte le bas au serveur et le suit à travers la salle. 

 

Il s'arrête à une table ou un homme et une femme y sont déjà installés. Lui à les cheveux noir attachés et les yeux noisette. Il porte un costume assorti au mien. Sa compagne est une blonde avec quatre couettes, deux de chaque côté parfaitement symétrique. Son regard vert regarde son ami avec un regard doux rempli de tendresse. 

 

- Bonjour. Uchiwa Sasuke, dis-je en leur serrant la main. Et voici, ma secrétaire, Sakura Haruno.

- Enchantée, sourit cette dernière en m'imitant.

- Nara Shikamaru et voici mon épouse, Temari.

 

Nous prenons place face aux Nara. Ils sont plutôt jeunes pour un couple marié, ils doivent avoir à peu près mon âge. Nous ne parlons pas tout de suite affaires. Après avoir passé nos commandes, nous échangeons quelques formalités et faisons plus ample connaissance. Les deux tourtereaux se connaissent depuis presque dix ans et sont ensemble depuis sept ans. Ils se sont dit oui, l'année dernière. Pauvre Shikamaru, il s'est laissé passer la laisse au cou ! Temari nous montre fièrement son alliance qui brille de mille feux. Et bien, le salaud n'a pas fait les choses à moitié. 

 

- Elle est magnifique, s'exclame Sakura. Tu es chanceuse ! 

- C'est vrai qu'elle est jolie, je l'adore. Mais c'est plutôt ce gros feignant qui a de la chance d'avoir une épouse aussi formidable que moi, taquine-t-elle en donnant un coup de coude dans les côtes de son mari.

- Aie ! Fais gaffe avec ta force de gorille ! proteste ce dernier.

- Tu m'as comparé à quel animal, là ? J'ai mal entendu, je crois !

 

Elle lui tire le lobe de l'oreille sans ménagement. Aie, j'ai mal pour lui.

 

- Tu nous fais nous donner en spectacle, Femme !

 

Elle le relâche en levant les yeux au ciel. Shikamaru pousse un petit cri de douleur et esquisse une grimace.

 

- La sauvage m'a écrasé le pied, se plaint-il.

 

Bordel, je me demande qui tiens la culotte dans le couple. J'ai l'impression que les couilles de notre invité sont dans les mains de sa femme ! Sakura rit gentiment, elle a l'air de s'amuser et de passer un bon moment. 

 

Le serveur nous amène nos entrées ce qui marque le début des négociations. Nous entrons dans le vif du sujet avec Shikmaru. Je lui expose les arguments et les raisons pour lesquelles il devrait travailler avec nous. Bien sûr, les filles n'écoutent pas un seul mot de notre conversation. Sans doute, est-elle trop ennuyeuse pour elles et je peux les comprendre. Certaines personnes ne cessent de travailler, même pendant leur temps libre. Et j'ai tendance à appartenir à cette catégorie. Les dîners d'affaires le soir ne me dérange absolument pas, je prends plaisir à arracher des contrats pour mon entreprise.

 

Parfois, mon oreille traîne un peu du côté des filles et j'écoute quelques brides de leur discussion. Sakura a l'air beaucoup détendu qu'à notre arrivée, elle semble même apprécier Temari. Le sourire qu'elle affiche me donne envie de l'embêter. Je fais mine de faire tomber ma serviette sur le sol avant de me baisser pour la ramasser. En me redressant, je prends le temps d'effleurer ses mollets, puis le bas de ses cuisses du bout des doigts. Je la vois se tendre à mon contact.

 

- Ça va, Sakura ? demande Temari qui semble percevoir son trouble.

- Oui, je crois qu'un affreux moustique s'est posé sur mon tibia, dit-elle en tapant ma main sous la table.

- Oh, ce sont des vraies plaies ces engins là ! Ils sont déjà de retour ? soupire-t-elle. Tu nous achèteras de l'anti-moustique demain, lance-t-elle à l'intention de son époux.

- Pourquoi moi ? Ta mère t'as donné des jambes, non ? rétorque ce dernier.

 

Temari lui lance un regard noir avant de lui envoyer un coup de pied sous la table. Le pauvre tressaute sous le coup avant de grimacer.

 

- Les filles sont tarées de nos jours, chuchote-t-il un peu trop fort.

- Tu veux que je te fasse manger la table ? menace-t-elle.

- Vous avez l'air.... fous amoureux, dis-je.

- N'est-ce pas ? répond Temari avec un grand sourire. Nous avons une longue vie devant nous, ensemble.

- Si je ne meurs pas sous tes coups dans quelques années, contre Shika.

 

Je suis impressionnée par la vitesse du coup de coude que lui décroche Temari. Ils sont plutôt marrants et sympas ces deux-là. On ne s'ennuie pas. Je crois que je les aimes bien et je pense que je ne suis pas le seul. Mon regard s'arrête quelques secondes sur Sakura qui affiche un grand sourire.

 

- Et vous ? Vous sortez ensemble depuis combien de temps ? demande la blondinette.

 

Sakura recrache le contenu le vin rouge dans son verre tandis que j'avale mon morceau de viande de travers. Je tousse en me tapant la poitrine. Bordel, on n'a pas idée de faire des blagues pareil en mangeant ! Ça pourrait tuer quelqu'un... La preuve, j'ai failli y passer. Mort étouffé par une côte de bœuf. Triste sort !

 

- Pardon ? m'exclamé-je après une dernière quinte de toux.

- Nous ne sortons pas ensemble. Ce mec est trop... dit-elle en me regardant.

- Je suis trop quoi ? Va-y je t'en pris, exprime le font de ta pensée.

- Méchant, vicieux, égoïste, snob, égocentrique, aigri ...

- Stop ! ordonné-je en plaquant ma main devant sa bouche. Je crois qu'on a compris, petite peste.

 

Temari nous regarde un grand sourire aux lèvres.

 

- Vous devriez sortir ensemble, vous êtes mignons tout les deux.

- Elle préfère se taper les vieux qui carburent au viagra, dis-je d'un sourire.

 

Je sens un vent glacial venant de mon côté gauche. Elle a les yeux revolver, elle a le regard qui tue, elle a tiré la première. Ça y est, c'est foutu ! Ah bah non, je suis toujours vivant. Heureusement que cela ne se passe pas comme dans la chanson de Marc Lavoine.

 

- Je sors avec un homme intelligent, mature est bien élevé. Rien à voir avec Sasuke.

- Si, un peu quand même. On est du même sang, lui et moi. Elle se tape mon père, expliqué-je à nos invités.

- Oh, s'exclame-t-ils en cœur.

- Je ne me tape pas ton père, je sors avec, s'agace Sakura.

 

Parler de la relation qu'elle entretient avec le vieux, me hérisse le poil. La haine que j'éprouve pour elle refait surface et j'ai qu'une envie à ce moment-là : la détruire. Fricoter avec lui est la pire idée qu'elle ai eu dans sa vie. Et je vais lui faire payer. 

 

- Vous savez à quoi je pense quand je vois Sakura ? demandé-je.

- Si tu me sors la blague du Malabar, tu vas être déçu, mais on me l'a déjà faite, dit-elle exaspérée.

 

Non, mais pour qui me prend-elle ? Je ne suis plus en primaire, mes plaisanteries sont beaucoup plus élaborées et recherchées.

 

- Je ne vois pas, répond Temari.

- A un rouleau de PQ, souris-je. Vous savez les roses qu'on trouve partout, et bien, c'est exactement la même couleur !

- Oh, mais oui mec ! s'exclame Shikamaru en riant. Ma mère les achetait ! Ah, toute mon enfance !

 

Et nous éclatons de rire tout les deux comme deux gamins. Les filles, elles, ne rigolent pas du tout. Les deux lèvent les yeux au plafond avant de soupirer bruyamment. Un nouveau coup de coude s'enfonce dans les côtes de ce pauvre Shika.

 

- On me l'avait jamais faite, je n'ai jamais entendu une blague aussi naze de toute ma vie !

- Les mecs, vous êtes des gamins, c'est affligeant, confirme Temari.

- Je la trouve drôle moi sa blague, se défend Shika.

- Ça va être marrant aussi de te voir dormir sur le canapé, menace gentiment la blonde.

 

Le reste de la soirée se déroule plutôt bien. Notre affaire est presque actée. Shikamaru doit venir à l'entreprise demain matin pour signer les papiers et boire un verre pour fêter notre collaboration. Sakura et Temari ont l'air d'être devenue très copine le temps d'une soirée et ont même échangé leur numéro de téléphone. Il est presque minuit lorsque nous quittons le restaurant. Je suis surpris de voir Sakura tituber devant l'entrée.

 

- Tu as bu combien de verre ? demandé-je en lui saisissant les coudes.

- Je sais pas, trois-quatre ou peut-être cinq. On s'est un peu lâchée avec Temari, mais je ne tiens pas bien l'alcool.

 

Je pousse un soupir. Me voilà avec une alcoolo sur le bras maintenant... Je l'aide à avancer jusqu'à la voiture et l'installe dans le siège passager. Je prends place et jette un œil à ma secrétaire.

 

- Tu ne vomis pas dans cette voiture, c'est compris ? averti-je.

- Oui.

 

Le trajet jusqu'à son immeuble se passe sans encombre. Ma voiture s'en sort saine et sauve ! Je raccompagne Sakura jusque devant sa porte pour être sûr qu'elle ne se fracasse pas le crâne sur une marche d'escalier. On est jamais trop prudent avec les picolos ! C'est seulement une fois qu'elle a pénétré dans son appartement que je pars pour rentrer chez moi.

 

Les jours qui suivent défile sans même que je ne m'en aperçoive. Je suis débordé par le boulot, je n'ai pas une minute à moi. Je cours à droite et à gauche, si bien que j'ai été absent du bureau pendant plus d'une semaine. Je suis presque ému quand je passe la porte de mon bureau. Je me laisse tomber dans mon fauteuil et ferme les yeux pour savourer un instant cette sensation familière. Bienvenue chez toi Sasuke. 

 

La voix de Sakura me tire de ma méditation.

 

- Je suis désolé d'entrer comme ça. J'ai toqué quatre fois, mais vous ne répondiez pas. J'ai Monsieur Nara au téléphone pour vous..

 

Je la détaille rapidement de la tête au pied. Elle porte une veste cintrée et un pantalon noir, une chemise blanche et une paire d'escarpins rose. Je souris à sa petite touche de couleur. Je ne l'avais pas vu depuis un long moment. A cause de problème dans une de nos succursales, j'ai dû me déplacer en personne pour reprendre les choses en main. Je ne peux m’empêcher d'éprouver un petit quelque chose en la voyant devant moi.

 

- Transfère le moi.

- Bien, dit-il en s’éclipsant. 

 

De dos, j'ai une vue à tomber sur son joli petit cul. Son pantalon en cuir noir moule à la perfection son fessier galbé. Je dois me maîtriser et me retenir pour ne pas me lever et la plaquer son le panneau de porte. Bon sang, ce corps est un appel à la débauche ! La sonnerie de mon téléphone me tire de mes pensées obscènes. Je secoue la tête pour reprendre mes esprits avant de décrocher.

 

- Bonjour Shikamaru, comment vas-tu ?

 

 

 

 

Ma vie s'est considérablement compliquée depuis presque deux semaines. Pour quelle raison ? Une personne : Uchiwa Sasuke, le fils de mon ancien compagnon. Nous avons rompu hier soir. Ma meilleure amie, Ino me tannait depuis le début de ma relation et ne cessait de m’envoyer des articles ou des vidéos sur les filles qui sortent avec des hommes plus vieux, qu'elles associent à leur père. Au début, je n'y prêtais pas spécialement attention, je pensais juste que c'était seulement un prétexte pour critiquer notre différence d'âge. Puis, j'ai fini par comprendre qu'elle le pensait vraiment. J'ai parcouru quelques-uns des textes qu'elle m'avait transmis et ça a été un choc. Je me reconnaissais dans certains témoignages. Mais je n'aimais pas me dire que je m'étais trompée, que c'était ce lâche de gicleur de sperme qui dictait ma vie et ma relation amoureuse. Comment son absence pouvait-elle impacter mon présent ? 

 

Alors j'ai fait l'autruche. J'étais dans le déni et je me disputais avec ma meilleure amie dès qu'elle apportait le sujet. Non, elle se trompait ! J'aimais sincèrement Fugaku. D'un amour sincère. Mais je savais que c'était faux, sinon, pourquoi refuserais-je de coucher avec ? Nous dormions ensemble, sans avoir de rapport. Il avait bien tenté une fois, mais je lui avais dit que je n'étais pas encore prête et que j'avais besoin de temps. Ce qu'il m'a accordé, en six mois de relation, il ne m'a jamais forcé ou fait une approche. Il respectait mon choix et attendait que je sois consentante pour aller plus loin. 

 

Le pompon a été la rencontre avec son fils. Ce mec que je connaissais à peine m'avait balancé la même chose qu'Ino à la figure. Ça a été une véritable douche froide pour moi et un tsunami a ravagé mon cerveau. J'étais plus paumée que jamais. Je me détestais. Pour avoir tort et m’être peut-être engagée avec un homme que j'ai considéré comme un père. Pour éprouver de l'attirance et du désir pour ce type aigri, égoïste et vicieux. Pour fantasmer et me réveiller en pleine nuit après un rêve érotique incluant Sasuke. Je ne devais pas craquer, je ne voulais pas être une fille de plus à inscrire à son tableau de chasse. 

 

Lorsque je l'ai vu passer devant mon bureau, j'ai senti mon corps loupé un battement. Bon sang, depuis quand suis-je devenue aussi faible ? J'ai l'impression d'être un marshmallow au soleil. Tu te ramollis ma pauvre Sakura ! Je me maudis quand mon regard dévie et fixe la porte de Sasuke. Je ne l'avais pas vu depuis plus d'une semaine à cause de son déplacement, mais je suis toujours aussi paumé qu'avant son départ. La seule différence est que je suis maintenant célibataire, mais ça, hors de question de lui dire ! 

 

J'ai besoin de quitter ce bureau et de prendre l'air avant de devenir folle. Je me dirige vers la salle de repos. Le distributeur rempli de cochonnerie me fait de l’œil. Je suis faible face au sucre, alors je succombe. J’insère les pièces et récupère mes kinder bueno. Je les mange en observant le paysage à travers la fenêtre. La pluie tombe sur la ville, les nuages obscurcissent le ciel.

 

Lorsque je retourne à mon poste, je regarde rapidement mon téléphone. Un appel en absence et une notification sur la messagerie. Je suis étonnée de voir s'afficher le numéro de mon beau-père. Les battements de mon cœur et ma respiration s’accélèrent. Les mains tremblantes, j'appuie sur "play".

 

- Désolé de te déranger pendant ton travail, je sais que tu es occupée. Mais je devais t'avertir. Ta mère a été transférée à l'hôpital, elle s'est effondrée il y a moins d'une heure. J'y suis là, j'attends. Je n'ai pas encore de nouvelles, mais je t'en donne dès que j'en sais plus d'accord ?

 

Au fur et à mesure de son message, mon visage se décompose. J'ai l'impression que mon monde s'écroule, que le ciel m'est tombé sur la tête. Des frissons parcourent mon corps et me donnent la chair de poule. J'éprouve de plus en plus de difficulté à respirer et à remplir mes poumons d'air. L'angoisse me prend à la gorge et je commence à avoir la tête qui tourne. J'identifie rapidement les symptômes. Palpitation, nausées, sensation de vertige et d’étouffement, tremblements... Je suis en train de faire une crise d'angoisse.

 

J'ai l'impression que mon propre corps, ne m’obéit plus. J'essaye et me force à prendre de grandes inspirations, mais je n'arrive pas à retrouver un rythme cardiaque normal. J'ai l'impression de manquer d'air et de suffoquer. Tremblante, je me lève péniblement de mon siège. Je m'aide en m’appuyant sur mon bureau et le contourne tant bien que mal. A peine ai-je fais quelques pas, que mes jambes se dérobent sous mes pieds. Je tente de me relever, sans succès. Elles refusent de me porter. 

 

- Sakura ?! Ça va ? s’inquiète une voix familière.

 

Pour je ne sais quelle raison, ma vision est trouble. Je ne parviens qu'à distinguer une masse noire et floue. Mais je sais qu'il s'agit de Sasuke, j'aurais reconnu son timbre de voix grave entre mille. J'ouvre la bouche pour lui répondre, mais aucun son ne sort. Je n'arrive pas à parler. 

 

- Pourquoi tu pleures ? Qu'est-ce qui se passe ? Tu as mal à quelque part ? me questionne-t-il.

 

Je vois. C'est pour ça que ma vue est floue. Je touche d'une main tremblante, mes joues baignées de larmes. Rapidement, je suis secouée par des violents sanglots. L'image de ma mère apparaît dans ma tête. Cette femme qui m'a donné tout l'amour dont j'avais besoin et qui a fait tant de sacrifices pour m'élever. Cette femme qui est courageuse et qui a tenté de se battre en vain contre cette horrible maladie. Cette femme qui est douce et aimante. Cette femme qui... qui... Pitié, ne me l'enlevez pas ! S'il y a un dieu là-haut, je vous en supplie, ne me la prenez pas ma mère. Elle est la seule famille, la seule personne que j'ai au monde. Son docteur avait dit qu'il lui restait encore quelques années et j’espérais que les progrès que la médecine fait tous les jours pourrait la sauver.

 

Si par malheur, elle me quittait aujourd'hui, je me retrouverais seule. Je n'aurais plus personne à mes côtés. Et je n'aurais pas eu l'argent et le temps nécessaire pour l'emmener voir les aurores boréales. Non, c'est impossible, elle ne peut pas mourir maintenant ! Elle a encore son rêve à réaliser et je lui ai promis de l’emmener au cercle polaire. Elle doit vivre ! Il ne peut pas en être autrement.

 

- Reprend-toi, Sakura. Inspire et expire lentement en prenant de grandes respirations.

 

Je me concentre sur la voix de Sasuke et je suis ses conseils. Petit à petit, les battements de mon cœur ralentissent. Ma respiration reprend doucement un rythme plus régulier. Des larmes s'échappent pour dévaler le long de mes joues. Je ne peux m’empêcher de pleurer, j'ai l'impression qu'on m'arrache une partie de moi-même. La femme qui m'a mise au monde, ma confiante et ma meilleure amie est peut-être en train de vivre ses derniers instants.

 

- Aide-moi, s'il te plaît, supplié-je. Je dois aller à l'hôpital.

- Tu es blessée ? s'inquiète-t-il en examinant les différentes parties de mon corps.

- Pas moi, ma mère. Ils viennent de la transporter aux urgences. Je dois y aller, insisté-je en me pinçant les lèvres.

- Allons-y, ordonne-t-il.

 

Il m'attrape le coude et m'aide à me relever. Il me traîne jusqu'à l'ascenseur. Il y a encore quelques minutes, mes jambes refusaient de me porter, mais avoir Sasuke à mes côtés me donne de la force et du courage. Je le suis à travers l'immeuble, telle une poupée de chiffon. Je me laisse guider et tirer par sa main. Je ne peux empêcher mon regard de dévier sur son dos. Cet homme confiant et sûr de lui. A cet instant, je le trouve terriblement charismatique et sexy. 

 

Le trajet jusqu'à l'hôpital est terriblement long. Les secondes me paraissant des heures. Assise sur le siège passager, je tape nerveusement du pied tout en triturant mes doigts. Je m'imagine divers scénarios, du pire jusqu'à meilleur. Je ne suis pas croyante. Je n'ai jamais cru à l’existence d'un quelconque Dieu, mais aujourd’hui, je prie. Je prie pour la personne que j'ai de plus précieuse au monde.

 

- Ça va aller, me rassure Sasuke. Surement un petit malaise.

 

Si seulement. Il essaye de me remonter le moral, mais ça ne marche pas. Il ne fait pas que la vie de ma mère est déjà condamnée et que ce n'est sûrement pas un "petit malaise". Néanmoins, j'apprécie son geste. Je le trouve étrangement gentil en ce moment, serais-ce une de ses ruses ? M’apprivoiser et me faire baisser ma garde avant de me planter un coup de couteau dans le dos ? 

 

Y a des jours, je me demande ce que nous sommes ? Ennemis ? Connaissances ? J'ai l'impression que nous sommes un lion et une lionne qui tentent de s'apprivoiser. J'ai moins de haine envers lui au début, et je crois que lui aussi. Peut-être n'y en aurait-il plus du tout si je lui avouais avec rompu avec son père. Mais, je ne souhaite pas lui dire pour le moment. 

 

- On est arrivé, m'informe-t-il.

 

Je jette un œil par la fenêtre et j'aperçois la façade banche de l'hôpital. Maman ! Je me rue sur la poignée de porte et l'ouvre avant de me précipiter jusqu'à l'entrée. Je balaie l'intérieur du regard à la recherche de l’accueil, que j'identifie rapidement. Dieu merci, il n'y a personne ! Je cours jusqu'au comptoir.

 

- Bonjour ! Ma mère Haruno Kizashi a été admise il y a une heure dans votre établissement. Je pourrais avoir son numéro de chambre ? m'empressé-je.

 

- Un instant, s'il vous plaît.

 

Je regarde avec impatience la femme pianoter sur son ordinateur derrière son bureau. Les secondes me paraissent des heures. Sasuke me rejoint à ce moment. Oh, c'est vrai. Dans la précipitation et l'adrénaline, je l'avais complètement oublié ! 

 

- Tu as le numéro de la chambre de ta mère ? me demande-t-il.

- Non, pas encore.

- Chambre 523. Au cinquième étage, répond enfin la jeune femme. 

 

Le top départ est annoncé. Je choppe le poignet de Sasuke et court à travers les couloirs. J'appuie ou plutôt, je martèle le bouton d'appel de l'ascenseur. Bon sang pourquoi tout est aussi long ici ?

 

- Ta mère ne va pas s'envoler, me taquine-t-il.

 

Non, mais elle peut mourir à tout moment, pensé-je. Les portes s'ouvrent enfin et nous nous engouffrons à l'intérieur. Je presse "5ème" et nous montons doucement les étages. Je sens le regard insistant de Sasuke. Je me sens soudainement gênée dans cet espace exiguë. Je lâche brusquement sa main.

 

- N'en profites pas pour abuser de moi, ou j'appelle les secours ! me prévient-il d'un air joueur.

- Ça ne risque pas d'arriver, dis-je en levant les yeux au plafond. Ne prends pas tes désirs pour la réalité.

- Oh, ça me tutoie maintenant ? sourit-il.

 

Merde ! Cela m'a échappé.

 

- Ne prenez pas vos désirs pour la réalité, Monsieur Uchiwa, reprends-je.

- Monsieur Uchiwa ? Tu en fais trop Haruno. 

 

Une petite sonnerie nous indique que nous sommes arrivés à notre étage. Pendant quelques secondes, j'avais oublié ma mère et sa maladie. Je me précipite à l'extérieur, mais cette fois, je ne prends pas la main de Sasuke. Ce dernier me suit, en courant à travers les couloirs. Une infirmière nous gronde alors nous ralentissons le pas. D'un pas rapide, je scrute les différents numéros de chambre. 

 

510

 

518

 

521

 

522

 

523... La voilà. Immobile, je fixe la porte. Je n'arrive pas à entrée. Une boule d'angoisse s'est formée au creux de mon ventre. J'ai peur. Je suis morte de trouille. Que vais-je voir derrière cette porte ?

 

- Tu n'entres pas ? me demande Sasuke surpris.

 

Je ne réponds pas. D'une main tremblante je saisis la poignée, mais le l'ouvre pas. Les secondes passent et la porte reste close. Et si je la trouvais inconsciente ? Blafarde avec le teint cireux ? Aurais-je fait tous ces efforts et mit autant d'énergie pour rassembler de l'argent, pour rien ? Soudain, je sens une pression chaleureuse sur ma peau. Sasuke a délicatement posé sa paume sur le dos de ma main. Je tourne la tête et je croise son regard. Pour la première fois depuis notre rencontre, j'y lis de la sincérité et de la compassion. Il n'est pas le Sasuke hautain et mesquin. Le gamin qui se donne des airs et joue un jeu depuis le début, a laissé place à un homme. Il exerce une légère pression et nous ouvrons ensemble la porte.

 

J'avance d'un pas lent jusqu'à y avoir ma mère allongée dans un lit. Je ne sais pas si elle est inconsciente ou si elle dort. Mes yeux se posent sur la perfusion à son bras. Ma pauvre maman. La voir dans cet état me brise le cœur. Les larmes montent, mais je tente de les retenir.

 

- Tu es venue.

 

Un homme mince d'une cinquantaine d'années avance vers moi. Il a les traits tirés et son visage reflète son inquiétude. Je n'avais même pas fait attention à la présence de mon beau-père. 

 

- Comment va-t-elle ? demandé-je.

- Son état est stable, répond-il après un soupire.

 

Son regard se pose sur l'homme qui se tient derrière moi. 

 

- C'est mon patron, Monsieur Uchiwa. Il m'a gentiment accompagné ici, informé-je.

 

- Enchanté, je suis le beau-père de Sakura, se présente-t-il en tendant sa main à Sasuke.

 

Ce dernier la saisi avec un sourire. J'attrape une chaise et la place à côté du lit. Je m'assois et caresse doucement le visage pâle de ma mère.

 

- Dort-elle ou ... ? demandé-je sans finir ma phrase.

 

- Elle s'est endormie il y a dix minutes.

 

Je pousse un soupire intérieurement, un peu rassurée. Je prends délicatement sa main froide et la cale entre la paume chaude des miennes. 

 

- Maman, c'est moi. Je suis venue dès que j'ai su. Je suis là maintenant, je ne te quitte plus.

 

Une larme coule le long de ma joue, puis une deuxième et une troisième.

 

- Tu dois t'accrocher et te battre. Il le faut. N'oublie pas qu'on doit aller voir les aurores boréales toutes les deux. Tu ne peux pas me laisser y aller toute seule, hein ? sangloté-je.

 

Et je craque. Je pleure toutes les larmes de mon corps, affalée sur le lit contre nos mains enlacées. Je sais que les murs sont fins dans les hôpitaux. Les chambres voisines et les passants dans le couloir doivent sûrement m'entendre, mais je m'en fiche. Je vais peut-être perdre ma mère dans les jours à venir. Depuis que la nouvelle est tombée, chaque coup de téléphone rime avec peur et angoisse. Les matins, quand je me réveille, j'appréhende de vivre un jour comme celui-ci ou pire encore. Je ne sais pas combien de temps, je reste à sangloter au chevet de ma mère. 

 

Une main se pose délicatement sur mon épaule. Je me redresse et tourne la tête. Une femme dune quarantaine d'années, habillée en blanc m'adresse un petit sourire.

 

- Les heures de visites sont terminées, vous devez laisser Madame se reposer, m'annonce-t-elle.

- Je dors ici, rétorqué-je.

- Je suis désolé, mais c'est impossible.

- Je vous dis que je ne quitterais pas le chevet de ma mère, déclaré-je sèchement.

 

L'infirmière commence sérieusement à me courir sur le haricot. Elle ne comprend pas que je ne veux pas laisser ma mère seule, dans sa chambre digne d'un espace mortuaire. Les murs blancs sont d'une tristesse. En plus l'obscurité qu'il règne dans la pièce. Et si elle mourrait cette nuit et que je loupais ma chance de lui dire au revoir ? Mon beau-père a dit que son état était stable, mais tout peut changer si rapidement. Je ne bougerais pas d'ici. Elle devrait me faire sortir d'ici par la force.

 

- Vous ne pouvez pas Madame, soupire-t-elle.

 

Je lui décoche un regard noir. L'infirmière reporte son attention sur Sasuke.

 

- Pouvez-vous ramener votre femme chez vous ? Elle ne peut pas rester ici.

 

Sa femme ? Est-ce que cette cruche a vu une alliance à mon annuaire ? Non ! Il n'y a rien. Et maintenant, elle ose mêler Sasuke à nos histoires. Si elle pense qu'il arrivera à faire la différence, elle se met le doigt dans l’œil ! Je ne bougerais pas d'ici, que ce soit elle ou mon patron qui me l'ordonne. 

 

- Euh... Sakura, on devrait y aller. Tu ne peux pas rester visiblement... 

 

Je les ignore. Je replonge dans ma bulle, où il n'y a que ma mère et moi. Mes yeux sont posés sur son visage pâle.

 

 

 

- Je vais leur coller un procès au cul à ces connards ! fulminé-je en marchant en direction de la voiture. Non, mais... ils ont osé me virer comme une malpropre !

 

J'étais en train de caresser la main de ma mère quand deux gorilles en costumes noirs sont entrés dans la chambre. Ils m'ont choppé le bras et m'ont jeter dehors comme un déchet. J'étais outrée. Les passants dans les couloirs nous ont dévisagés. J'ai eu la honte de ma vie. Et cerise sur le gâteau, je me retrouve avec un œil "au beurre noir". J'aimerais porter plainte, mais c'est impossible... A moins de le faire contre moi-même. Et oui ... En me débattant comme une forcenée et en m'agitant dans tous les sens, je me suis envoyé ma main en pleine figure. Juste en dessous de l’œil précisément. Quelle journée de merde.

 

- Tu verras ta mère demain, tu peux attendre un peu. Tu n'es plus un bébé, non ? 

 

Je décroche un regard noir à Sasuke.

 

- Et si elle meurt pendant la nuit ? Le seule chose que je verrais demain, ce sera son cadavre sans vie ! m'énervé-je. 

 

- Elle ne va pas mourir pour un simple petit malaise, me rassure-t-il.

 

Pendant un court laps de temps, la tristesse avait laissé place à la colère. Mais maintenant, elle revenait hanter mon cœur. Les larmes me montèrent aux yeux avant de couler à nouveau sur mes joues. Je devais avoir une tête affreuse à force de pleurer. Il me dévisage surpris.

 

- Ma mère est malade Sasuke, lancé-je.

 

Il écarquille légèrement les yeux, il ne s'attendait pas à cette révélation. Il était loin de penser que son état était plus grave qu'il ne le pensait. Ce n'était pas qu'un simple petit malaise pour anémie. 

- Oh, je suis désolé... C'est grave, n'est-ce pas ? demande-t-il au bout d'un moment.

 

- Oui, répondis-je en me pinçant les lèvres. 

 

Je n'en dis pas plus. Nous montons dans sa voiture et Sasuke met le contact.

 

 

 

Une vingtaine de minutes plus tard, nous sommes devant mon immeuble. 

 

- Donne-moi tes clefs de voiture. Je chargerais quelqu'un d'aller la chercher au bureau et de te la déposer.

 

- Euh... Elles sont dans mon appartement. Vous voulez... monter un peu ? , répondé-je après quelques secondes de réflexion.

 

Je ne voulais pas me retrouver seule pour le moment. Il y aurait sûrement meilleure compagnie que lui, mais je vais m'en contenter. Je pense qu'il peut m'aider à me vider un peu la tête.

 

- Dans ton appartement ? 

 

- Non, sur le toit. 

 

Il esquisse un léger sourire.

 

- Pas sûr que mon père apprécierait te savoir seule en compagnie d'un homme. 

 

- Vous êtes son fils. Et puis, vous ne me ferez rien, je le sais.

 

Pour le moment, je décide de le laisser croire que je suis toujours en couple. 

 

- Comme tu veux. Je vais aller nous chercher un truc au chinois là-bas et je te rejoins. Ça te vas ?

 

Maintenant qu'il le fait remarquer, j'ai faim. Il lui arrive d'être gentleman et d'avoir des bonnes idées. J’acquiesce d'un geste de la tête et sort de la voiture pour rejoindre mon apparemment.

 

 

 

Je profite que Sasuke ne soit pas encore là pour ranger mon appartement. Je ne veux pas passer pour une fille bordélique ou pire encore, qu'il tombe sur un shorty qui traîne. C'est la grande passion de mon chat. Dans ma chambre, j'ai des paniers en osier où je range mes chaussettes, bas de sous-vêtement et soutien-gorge. Je ne sais pour quelle raison et ce qu'il se passe dans son cerveau, mais il adore en attraper et les balader dans la maison. Parfois, il les cache... Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai retrouvé un string sous un coussin ou sur une chaise. J'espère qu'il va se tenir tranquille ce soir et ne pas se donner en spectacle ! Je troque rapidement mon pantalon pour une jupe plissée noire qui m'arrive au dessous du genoux et enfile rapidement une paire de collant.

 

 

 

Nous sommes assis l'un à côté de l'autre sur mon canapé, que je trouve bien trop étroit en ce moment. Pourquoi diable n'est-ce pas acheter un trois place ? Le genou de Sasuke effleure le mien au moindre de ses mouvements. Une dizaine de plats sont disposés sur la table passe. Je les fixe quelques secondes avant de soupirer.

 

- Pourquoi en avez-vous pris autant ? demandé-je.

 

- Je ne savais pas ce que tu aimais alors j'ai pris large, sourit-il.

 

- Très large, oui, ris-je. Sérieusement, il va y avoir du gâchis !

 

- Tu finiras demain.

 

- Mais j'en ai pour quatre jours à manger chinois avec tout ça !

 

- Je t'aiderais, dit-il en piochant dans les divers plats pour remplir son assiette.

 

- Ce n'était pas une invitation ! ronchonné-je en l'imitant. En tout cas, merci pour ce bon repas.

 

- Je préférais commander plutôt que de manger ta cuisine, taquine-t-il.

 

Action, réaction. Aussitôt la vanne pourrie sortie de sa bouche, je lui plante ma fourchette dans la cuisse. Sa gentillesse ne pouvait pas durer, il fallait qu'il lance une petite pique. Sinon, ça se serait pas Sasuke. Mon assiette posée sur mes cuisses, je mange mécaniquement. Mes gestes sont comme ceux d'un robot. Ma mère occupe toutes mes pensées. Mon invité doit le deviner à ma tête et à mon silence.

 

- Ça va aller, dit-il pour me rassurer. 

 

Il sort un stylo de la poche de sa veste en jeans et le pose sur la table, entre nous. Je fronce légèrement les sourcils, ne comprenant pas son geste. Il le tourne une fois et se tourne vers moi.

 

- Le jeu de la bouteille, ou plutôt du stylo. Tu connais le principe ? On y a tous joué au moins une fois dans sa vie, je crois. Les règles sont un peu différentes. Comme on est que deux, disons que celui dont la pointe est la plus proche est sélectionné.

 

J'esquisse un faible sourire. Je ne sais pas s'il fait ça pour me changer les idées et me faire penser à autre chose, ou s'il le fait par intérêt. Histoire de choper un ou deux petits bisous. Peut-être est-ce un mélange des deux. En tout cas, je suis partante. Peut-être que j'arriverais à oublier la maladie de ma mère pendant quelques minutes.

 

- D'accord, mais je commence ! m'exclamé-je.

 

Sur ces mots, je saisis le stylo et le fais tourner sur le bois. Je le fixe intensivement en priant qu'il s'arrête dans la partie de Sasuke. Je n'ai pas envie de m'auto désigner ! Malheureusement, c'est ce qu'il se passe. Journée maudite ! Je grimace et me tourne vers mon invité.

 

- Vérité, dis-je simplement.

 

Hors de question de prendre action, j'ai bien trop peur de ce qu'il peut me demander. 

 

- T'es pas drôle, grogne-t-il. 

- Vérité, répété-je. 

- Est-ce que toi et mon père couchez ensemble ? demande-t-il de but en blanc.

- Oh ! C'est privé ! m'offusqué-je.

- Tu as choisi vérité et je peux poser toutes les questions que je veux.

- Vicieux ! Et pour répondre à votre curiosité mal placée, non nous ne couchons pas ensemble.

 

Je m'abstiens de lui dire que nous ne sommes même plus ensemble. Mes yeux croisent son regard surpris, il n'a pas l'air de me croire. Bon sang, pense-t-il vraiment que je mens ? 

 

- Nous avions plutôt une relation platonique, et ça nous convenait très bien comme ça.

- Avions ? s'étonne-t-il.

 

Merde ! Boulette !

 

- J'ai dit "avons". Ne déformez pas mes mots en ce que tu aimeriez entendre, dis-je en lui donnant un petit coup de coude.

 

Il semble me croire, ouf ! Je ne me savais pas aussi bonne menteuse.

 

- Bon, j'en ai assez dit. J'ai répondu à votre question ! Tournez le stylo que la mine tombe sur vous, souris-je.

 

Malheureusement, ce n'est pas ce qui se produit. Je grimace lorsque je vois la pointe s’arrêter devant moi. Bon sang, c'est une blague ? Je pousse un léger soupir avant de prendre la parole. 

 

- Vérité. 

- Sérieux ? Tu ne vas pas prendre vérité toute la soirée quand même, ronchonne Sasuke.

 

Je prends ce que je veux et pour le moment, je préfère jouer la sécurité. Enfin, je crois.

 

- Est-ce que tu te masturbes ? demande-t-il de but en blanc.

 

J'ai mal entendu ? Je tousse pour essayer de faire passer le bout de nem qui semble lui aussi perturbé par la question de Sasuke. Je me tape violemment au-dessus de la poitrine pour l'aider à descendre jusqu'à mon estomac. Une fois hors de danger, je fusille du regard l'obsédé assit à mes côtés.

 

- J'ai failli mourir à cause de vous ! râlé-je.

- Quoi ? C'est une question comme une autre, répond-il en haussant les épaules.

 

Je lève les yeux au ciel. Je ne suis pas sûre que prendre Vérité soit très judicieux avec lui. 

 

- La réponse est non, dis-je en saisissant le stylo.

 

Celui-ci s'arrête enfin sur Sasuke. Et bah voilà, tout vient à point à qui sait attendre.

 

- Vérité, dit-il avec un petit sourire.

 

Non, mais c'est une blague ! Il me chie une pendule car je choisis "Vérité" depuis le début et lui il le fait !

 

- Vous vous foutez de moi là ? 

 

- Pose ta question, le gnome. 

 

Le gnome ? Pourquoi j'ai proposé à ce rustre de monter ?  Note à moi-même, ne plus jamais proposer à Sasuke de venir ici. Bon, faut que je trouve une question moi maintenant. Après quelques secondes de réflexion, une question, que je regrette immédiatement sort de ma bouche. Quel est l'expression déjà ? Tourner sa langue sept fois avant de parler ? 

 

- Qu'est-ce que vous avez pensé de moi à notre première rencontre ? 

 

Il semble un peu surpris par la question, mais se reprend vite.

 

- J'ai pensé que tu suçais mon père pour qu'il te lâche des billets. J'ai trouvé dommage qu'une fille, aussi jeune et belle fricote avec un vieux. Sérieux, il pourrait être ton père ! 

 

Je déglutis difficilement avant de répondre à Sasuke. C'est avec la gorge nouée que je prends la parole.

 

- Je n'ai pas de père, je ne sais pas ce que c'est l'amour paternel. Ma mère a rencontre son copain il y a quelques années seulement. C'est pour ça que ma maman représente tout pour moi, elle est ma seule famille alors je ne peux pas la perdre. Pas maintenant.

 

- Je suis sûre qu'elle ira bien, me rassure-t-il. D'ailleurs, une autre pensée m'a traversé l'esprit lorsque je t'ai vu dans ce restaurant...

 

- Quoi donc ? demandé-je curieuse.

 

- Que tu avais choisi le mauvais Uchiwa. Que tu aurais été mieux dans mes bras plutôt que ceux de mon père, répond-il en déposant son assiette sur la table.

 

Ses yeux noirs me fixe intensément, déviant de temps à autres sur mes lèvres. Je peux y lire de l'envie et du désir. Et qu'est ce que je veux moi ? Je mentirais si je disais ne pas vouloir goûter à cette bouche sensuelle. 

 

- Embrasse-moi, ordonne-t-il de sa voix grave.

 

- On n'a pas tourné le stylo, protesté-je faiblement.

 

- Je m'en branle de ce putain de stylo ! dit-il en le lançant dans la pièce.

 

Il m'agrippe fermement la nuque et m'attire vers lui. Surprise, je pousse un petit cri de surprise. Sa bouche s'écrase contre la mienne et je ferme instinctivement les yeux. Je pourrais le repousser, mais je n'y arrive pas. Je n'en ai pas l'envie.

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Ayumi (samedi, 03 août 2019 21:47)

    QUOII ?! comment tu oses arrêter ça là !
    Je suis indignée !
    La suite viiiiiiiiite ! ♥