Un autre monde - Chapitre II ~~

Chapitre II

Où suis-je ?

 

Je n’en ai absolument aucune idée…

 

Je pousse un long soupire. Alors que je me dis que la journée ne peut pas être pire, je sens des gouttes d’eau tomber sur ma peau. Il commence à pleuvoir et très vite ça devient un vrai déluge. Je pars en courant vers la petite cabane en bois que j’avais aperçu au loin. J’enjambe une barrière en bois sans trop de difficulté et rejoins l’abri au milieu du champ. A part me fouetter le visage la pluie ne m’a pas fait grand-chose puisque je suis déjà trempée. J’essors ma robe et mes cheveux. Heureusement il ne faisait pas froid, entre vingt-cinq et trente degrés sinon j’aurai été bonne pour un bon rhume. Mon père m’aurait tué, puis m’aurait obligé à faire le ménage et la cuisine même avec de la fièvre. Un vrai tyran. Quand il s’apercevra de mon absence il va être fou de rage. Je ne peux pas rentrer à la maison, il va peut-être me tuer cette fois-ci. Je repense à ma mère, ma douce et gentille maman qui m’a quitté alors que j’étais âgée de huit ans. J’avais cinq ans quand on lui a diagnostiqué un cancer du sein. Elle s’est battue courageusement pendant trois longues années avant que le cancer finisse par la terrasser. J’avais pleuré toutes les larmes de mon corps durant une semaine. Puis j’ai décidé de mettre sa mort dans un coin de ma tête et de ne plus y penser. Je préfère oublier sa mort, c’était moins douloureux.

 

Je m’autorise à penser et à pleurer ma mère qu’une fois par an, le jour de l’anniversaire de sa mort. Puis le lendemain je reprenais ma vie comme si de rien n’était. Mon père a enlevée toutes les photos d’elle dans la maison ce qui n’était pas plus mal dans un sens. Je pense que comme moi, voir des images de sa femme disparue était trop douloureux à supporter. Avant sa mort, il n’était pas comme ça, des souvenirs qu’il me reste il était un papa gentil et attentionné. La perte de sa femme l’a complètement changé, il est devenu un homme méchant, violant et aigri.

 

Une larme s’échappe et coule sur ma joue. Je l’essuie rapidement, pas question de pleurer j’avais déjà assez donné tout à l’heure. Je m’assis contre la cabane, repli mes jambes contre ma poitrine, croise les bras et les posent sur mes genoux. Finalement je ne serais pas la forte Mikan aujourd’hui, les larmes que je retenais coulent en abondance. J’enfonce ma tête entre mes bras et pleure en silence.

 

- Maman, je sanglote.

 

C’est dans ses moments que j’aurai eu tant besoin d’elle, qu’elle me réconforte en me prenant dans ses bras. Qu’elle me dise que tout va bien, qu’elle est là pour moi. Je ne sais toujours pas si je rêve ou si je suis morte mais en tout cas ma mère n’est pas là si je suis au paradis.

 

- Tu vas prendre froid.

 

La voix me fait sursauter coupant cours à mes rêveries. Je lève la tête et fixe l’inconnu se tenant devant moi. Il a les cheveux noirs avec des yeux de la même couleur que ses cheveux. Il affiche un visage impassible. Je ne le connais pas, et je connais tous les habitants de notre petit village au moins de vue. Il n’est pas de Shirakawa, ça j’en suis certaine. Il me dévisage m’examinant de la tête aux pieds. Je suis gênée quand je vois ses yeux dévier sur les marques et les bleus qui couvrent mon visage et mon corps. J’ai envie de lui crier de regarder ailleurs mais actuellement ma voix a pris congé. Je sais qu’il a deviné que je suis battue, ce qu’il ignore c’est que le coupable est mon propre père. Il ne fait aucun commentaire et je l’en remercie en silence.

 

- Suis-moi, tu ne peux pas rester là, dit-il en soupirant.

 

Puis il m’attrape par bras et m’aide à me relever. Je ne sais pas combien de temps je suis restée assise dans cette position mais mes jambes sont toutes engourdies. J’ai des fourmis dans tout le corps, c’est très désagréable. Je me laisse entraîner par l’inconnu.

 

Nous arrivons devant une vieille ferme. Je suis bouche bée, je me croirais revenue un siècle en arrière. Il me pousse d’un geste brusque à l’intérieur et une femme d’une quarantaine d’année vient à notre rencontre.

 

- Mon chéri, qui est cette jeune fille ? demande-t-elle.

- Arrête de m’appeler comme ça, râle le jeune homme. Je ne sais pas, je l’ai trouvé assise contre la cabane au fond du champ.

- Tu dois es trempée, tu dois être gelée ma pauvre, s’inquiète la femme. Aoi, ma chérie ! Viens par ici.

 

J’examine rapidement l’intérieur et je suis une nouvelle fois choquée. La décoration et les meubles ont au moins un siècle de retard. J’entends des pas et une jeune fille d’environ mon âge fait son apparition. Elle ressemble beaucoup au garçon mais c’est aussi le portrait craché de la femme, en plus jeune. Surement la mère et ses deux enfants. Aoi me prend la main et m’emmène à l’étage. Elle fouille dans une armoire et sors une robe qu’elle pose sur son lit. Elle m’examine de la tête aux pieds.

 

Drôle de vêtements, je n’en ai jamais vu des comme ça. Tiens change toi, ça devrait t’aller, sourit-elle.

 

Je passe ma robe par-dessus la tête et la pose sur le sol. Je vois le regard surpris d’Aoi quand elle voit les bleus qui parcourent mon corps. Je souris en essayant de faire abstraction de la honte que je ressens.

 

- Je suis plutôt maladroite, je me cogne partout, mens-je en lâchant un petit rire.

 

Mais je sais qu’elle ne croit pas un mot de mon excuse. Au contraire elle me lance un regard que je connais bien. Le même que mes professeurs ou mes camarades. De la pitié voilà ce que je lis dans ses yeux. Cela me met hors de moi, je n’ai pas besoin de leur foutu pitié. Qu’ils aillent se faire foutre. Je prends la robe qu’elle a posée sur le lit et la jette violemment à ses pieds.

 

- Je n’ai pas besoin de ta pitié, rugis-je.

 

Elle semble gênée et bredouilles des excuses. Elle ramasse le bout de tissu et le pose sur le lit. avant de sortir de la pièce. J’enlève mes sous-vêtements que j’étends près de la fenêtre et enfile la robe d’Aoi. C’est agréable de ne plus avoir ses habits trempés collés à la peau. Aoi entre dans la chambre quelques minutes plus tard. Elle me complimente et je la remercie. Je la suis en silence jusqu’à la cuisine. Le jeune homme de tout à l’heure est assis sur une chaise près d’une fenêtre et regarde à l’extérieur. Leur mère est occupée à éplucher les légumes. Aoi attrape un couteau et va rejoindre sa mère pour l’aider. Je décide de donner un coup de main aussi, les deux femmes me souris.

 

- Alors comment t’appelle mon enfant?

 

Je souris. Elle m’avait appelé ‘mon enfant’ mais à vingt ans j’espérais être une femme plutôt qu’une enfant. Mais pour elle c'était surement affectif. Cette famille avait l’air sympathique et chaleureuse.

 

- Mikan SAKURA, Madame.

- Oh appelle moi Kaoru, sourit-elle. D’où viens-tu ? Je ne t’ai jamais vu par ici.

 

Que répondre ? Je ne sais même pas où je suis en ce moment même. Je choisi donc d'esquiver la question en mentant.

 

- Je ne sais pas, je suis tombée et me suis cognée la tête. A mon réveil je me suis aperçu que j’avais oublié certains souvenirs, mens-je en affichant un air triste.

- Oh ma pauvre enfant, tu peux rester autant de temps que tu le souhaite, sourit Kaoru.

Merci.

 

Aoi et sa mère semblent croire mon mensonge, je culpabilise un peu de leur mentir. Je jette un coup d’œil au fils qui me fixe l’air impassible. Je ne sais pas s’il m’a cru en tout cas il ne fait aucun commentaire. Elles ne posent pas d’autres questions et je les remercie en silence. Elle se contente de parler et de tout et de rien. Elles rient ensembles comme mères et filles, elles ont une bonne complicité. Je ne peux m’empêcher de les envier, j'aurai aimé que ma mère soit encore là et qu'on soit comme deux bonnes copines. Nastume lui se contente de rester à l’écart, les écoutants d’une oreille distraite, le regard toujours concentré sur l’extérieur. Je jette un coup d’œil à la fenêtre, la pluie tombe toujours. Je ne sais pas ce que je vais faire une fois le déluge fini, je ne sais même pas comment rentrer chez moi. Mais en ai-je vraiment envie ?

 

Pendant le repas, Aoi et sa mère sont toujours aussi bavardes, je me mêle parfois à la conversation. C’est agréable de ne pas manger dans un grand silence comme à la maison. Mon père est moi n’échangeons aucun mot si ce n’est « sel », « eau ». Plutôt triste. Natsume taquine de temps en temps sa sœur, c’est mignon. Ils sont une vraie famille. Ce que moi je n’ai pas ou plutôt plus. Une larme s’échappe du coin de l’œil pour dévaler lentement le long de ma joue. Natsume est le premier à s’en apercevoir, il me regarde surpris.

 

- Tout va bien mon enfant ? Ca ne te plait pas ? demande Kaoru.

- Oh si si, c’est très bon c’est juste que … je me sens triste. Je ne sais pas pourquoi.

 

Encore un mensonge, au fond de moi j’ai honte de leur mentir alors qu’ils m’ont ouvert leur porte mais je ne suis pas prête à me confier à eux. Natsume comme s’il a lu dans mes pensées me dévisage mais je détourne rapidement la tête. Aoi sourit et me caresse doucement le bas du dos en guise de réconfort. Le reste du repas se passe dans la bonne humeur, je me sens un peu plus à l’aise qu’au début. Je me lève pour aider à débarrasser quand Natsume me demande de le suivre. Je n’ai aucune idée de ce qu’il veut ni où il m’emmène mais je le suis en silence. Nous entrons dans un petit bâtiment qui semble être une écurie. Il attrape une pelle et me la donne avant de s’asseoir sur un tas de foin. Euh c’est une blague ? Il veut que je fasse quoi de sa foutue pelle ?  Il me dévisage un moment avant de lever les yeux au ciel.

 

- Tu ne crois quand même pas qu’on va te nourrir gratuitement ? Nettoies les box des chevaux, je te surveille. Je ne voudrais pas que tu t’enfuies, m’explique-t-il.

 

Aider ne me dérange pas du tout, au contraire j’apprécie rendre la pareil aux personnes qui m’aident mais il aurait pu le dire plutôt et autrement que me me mettre une pelle dans les mains sans rien dire. J’étais sensée comprendre que je devais nettoyer les box avec sa pelle dans la main ? Il ne pouvait pas le dire directement et clairement. Ce mec était incompréhensible. Et puis m’enfuir ? Pour aller où ? J’étais complètement perdue dans tous les sens du terme.

 

Je n’ai jamais nettoyé un box de ma vie, je ne sais pas comment faire. Je dois enlever les excréments je suppose. Je soupire et me dirige vers le premier box. Oh mon dieu ça pue le cheval ici, enfin c’est plutôt logique puisqu’il y 'habite’. Je me mets sérieusement au travail et nettoie les trois box en faisant abstraction de l'odeur nauséabonde. Je ne sais pas combien de temps j’ai passé à faire tout ça mais surement beaucoup puisque monsieur s’est endormi sur son tas foin. Je profite de cette occasion pour m’approcher et le regarder de plus près. Je m’accroupi et l’observe dans les moindres détails. Il est vraiment très beau, s’en est presque intimidant. Dommage qu'il soit aussi ronchon. Je prends appuie sur mes genoux pour me relever mais je perds l’équilibre et tombe sur Natsume. Il se réveille en sursaut, et semble rassuré quand il voit que c’est seulement moi : la très maladroite Mikan. Un sourire en coin se désigne sur son visage.

 

- Plutôt audacieuse.

 

Je ne comprends pas le sens de ses mots puis je suis son regard qui regarde à un endroit avec insistance.

 

Oh mon dieu, je rougis des pieds à la tête. Dans ma chute ma main s’était posée sur son entre jambe et je sentais cette chose se durcir sous ma paume. La honte de ma vie, je ne me suis jamais senti aussi gênée.


Je me relève précipitamment et m’enfuis en courant.



 

 

 

 

 

 

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Commentaires: 5
  • #1

    Ayumi (mercredi, 21 juin 2017 16:21)

    WTF ? Mais t'es sacrement en manque mdr XD
    Grosse cochonne va :P
    Bref j'ai adorer ce chapitre, il est cool !
    Enfin l'entrée en scène de Natsu et mon adorable Aoi ~
    Vivement la suite !!!

  • #2

    Hanna (mercredi, 21 juin 2017 17:59)

    Jte l'ai dis j'ai les hormones qui travaillent XDDD
    Ouii l'entrée de mon amour de ma life xDD

  • #3

    Aya-32 (jeudi, 22 juin 2017 17:44)

    J'ai beaucoup aimé les 2 premiers chapitres et j'attends la suite !
    Passe une bonne journée !

  • #4

    ficgakuenalice99 (mercredi, 19 juillet 2017 19:32)

    Natsume a l'air de très bien réagir à Mikan XD

  • #5

    Naa-san (mercredi, 03 juin 2020 15:29)

    Une rencontre avec la famille Hyuuga plutôt marquée. Je suis cependant surprise que tu aies décrit les iris de Natsume noires et non pas rouges comme elles le sont normalement. C'est pour coller un peu plus à la réalité ?
    Cet autre monde intrigue car comme le souligne Mikan la décoration, les vêtements, les tâches quotidiennes ressemblent plus à celles du XIXe siècle plutôt qu'à l'époque que nous connaissons. Mikan aurait-elle remonté le temps plutôt que de se trouver dans un monde parallèle ?
    La scène de la fin du chapitre entre nos deux protagonistes est juste écrite comme il le faut. La réplique de Natsume est parfaite ! J'ai bien ri. Sait-il seulement que Mikan ne porte pas de sous-vêtements ? Si je ne m'abuse, elle dit retirer les siens trempés mais ne semble pas en revêtir des propres prêtés par Aoi !