Après avoir pris la fuite, je me suis réfugiée au pied de la cabane où Natsume m'avait trouvée. Je ne sais pourquoi je suis venue ici plutôt d'un autre endroit. Je m'assois mais cette fois il ne pleut pas, la pluie a laissé place au soleil et j'en suis ravie. Je fermais les yeux et profitais des rayons du soleil sur ma peau. C'est agréable, j'en oublie presque l'incident de tout a l'heure. La pire honte de ma vie. Je lui ai touché l'entre jambe. Je n'ai jamais eu de copain ou quoi que ce soit dans le genre alors l'anatomie masculin est un grand mystère pour moi. Bon j'ai bien vu le truc pendouillant de mon père étant petite mais je me suis forcée à oublier cette vision gênante à l’adolescente. Qui a envie de ce souvenir de ce genre de chose ? 

 

Je sens encore cette chose durcir contre ma main, cette sensation étrange et inconnue. Je suis sûre qu'il est musclé, je m’imagine un instant Natsume dans le plus simple appareil : nu. On serait dans un manga j'aurai déjà saigner du nez comme une obsédée. Je secoue la tête violemment afin d'effacer ces images de ma tête.

 

- Mikan, idiote de perverse, contrôle donc tes hormones, je râle contre moi-même.

 

Ce n'est pas parce que je me retrouve devant un canon, sexy et très attirant malgré son sale caractère que je dois avoir les hormones en ébullition. Je soupire. Je me suis enfuie comme une vierge effaroucher -ce que je suis-, la honte, à tous les coups il allait maintenant me voir avec une pancarte "VIERGE COINCÉE DU CUL". Je rougis, cet imbécile m'a vraiment perturbé. Il fallait que je pense à quelques chose de dégouttant pour m'ôter ces pensées perverses de la tête. Je cherche une idée, n'importe quoi qui pourrait distraire mon petit obsédé de cerveau quand je sens quelque chose de froid contre ma joue. Je hurle -telle une demoiselle en détresse- et bondi sur mes jambes. Je tourne la tête et pousse un soupir de soulagement quand j’aperçois une vache. J'avais senti son museau froid, tu parles d'une frayeur. Niveau aventurière courageuse je ne vaux pas un clou. L'animal se rapproche de moi et je ne peux m'empêcher de reculer, je l'ai dis niveau courage zéro. Mais madame vachette est têtue, elle s'avance à nouveau vers moi et je panique. Je m'éloigne dans le champs en courant et quand je lance un coup d'oeil par dessus mon épaule je vois avec horreur que la vache me course. Je cours aussi vite que je peux vers la clôture en bois qui entoure le champ en criant "au secours". Je l'enjambe le plus vite possible et m'écroule à bout de souffle à même le sol. 

 

- On peut dire que tu cours vite, se moque une voix à quelques mètres de moi.

 

Je lève la tête toujours à bout de souffle et fusille Natsume du regard. Ce crétin se marre alors que j'ai eu la peur de ma vie ! C'est sûr, lui il a l'habitude de ces animaux  puisque ce sont les siens, moi les vaches je les vois qu'à la télé ou alors dans un champ au loin. Je respire bruyamment en reprenant mon souffle après cette course poursuite infernale. Je vois Natsume s'accroupir devant moi et approcher lentement son visage du mien. Je ne respire plus, attendant ce qu'il va faire. Il ne va quand même pas m'embrasser ? Sa bouche se rapproche de la mienne quand elle frôle ma joue pour me chuchoter à l'oreille. Un frisson parcours mon corps quand je sens son souffle contre ma peau.

 

- Je crois que tu as perdu tes poumons dans le champ, taquine-t-il.

 

Puis il s'éloigne et se redresse. Je lève les yeux au ciel avant de me relever pour lui faire face. Je bombe la poitrine pour me faire plus imposante, mais avec mon mètre soixante trois je fais pitié à côté de son mètre quatre-vingt. Malgré tout je ne me démonte pas et lève le menton et posant mes mains sur les hanches. 

 

- Tu as finis premier de ta promo à l'école du rire dis-moi. Tu aurais pu aider une demoiselle en détresse au lieu de la regarder courir pour sauver sa vie, je râle.

 

Un léger sourire se dessine sur ses lèvres avant de remettre son masque d'homme impassible.

 

- Je ne vois pas de demoiselle en détresse mais une enfant qui fuis ses problèmes. Pourquoi t'aider ? Quand il est question de fuir, tu as l'air d'être douée.

 

Ses mots sont comme un coup de poignard. Ils me blessent même si je ne le montre pas. Je lui donne un coup de pied dans le tibia et part en courant en le laissant se tenir la jambe en m'insultant de noms d'oiseaux. Les larmes aux yeux je pars en courant vers le pont, un des seuls endroits qui m'est familier. Sur le chemin je m'arrête et m'assois contre un arbre. Puis je repense aux mots que m'a asséné ce crétin. C'était méchant, de la méchanceté gratuite. Oui, j'ai fuis dans l'écurie car j'avais trop honte pour le regarder en face. Ce mec n'avait aucune délicatesse. Si je suis aussi blessée c'est parce qu'au fond je sais qu'il a raison. J'ai fuis ma vie, mon monde pour atterrir je ne sais où. Je ne veux plus affronter mon père, faire face à mon quotidien, aux violences que je subis. 

 

Je sursaute quand j'entend des bruits de pas se rapprocher. Est-ce un animal sauvage ? Ah non, j'ai assez donné pour aujourd'hui qu'on me fiche la paix ! Je regarde rapidement autour de moi en panique, cherchant un objet, une branche, n’importe quoi qui pourrait m'aider à me défendre. Je trouve rapidement un morceau de bois et je le brandis en l'air. Les bruits de pas se rapprochent tandis que mon coeur bat de plus en plus vite. Mon pauvre cœur va finir par me lâcher avec ce trop pleins d'émotions. Quand je vois une masse émerger de derrière le buisson j’abats le bâton sur elle. J’écarquille les yeux quand je vois ce que j'ai frappé ou plutôt qui. Natsume se tient devant moi, la main gauche se massant l'épaule droite. Bordel, mais qu'est ce qu'il fou là ?!

 

- Je vais la tuer cette idiote, hurle-t-il.

 

Je grimage, je crois qu'il n'est pas content. 

 

- Désolé, dis-je en joignant mes mains devant et inclinant légèrement la tête.

- Garde tes excuses pour toi crétine. Le tibia et l'épaule c'est quoi la suite ? crie-t-il.

- Je n'ai pas fais exprès et puis tu m'as fait peur ! Qu'est ce que tu fais ici ? demandais-je surprise.

- Encore heureux que tu n'as pas fait exprès !

 

Il soupire et s'assit dans l'herbe. Je prends place à côté de lui et j'attend toute penaude qu'il parle. Il poussa un soupir puis prit la parole.

 

- Je venais pour m'excuser, j'ai peut-être été un peu dur tout à l'heure. Mais plus question de m'excuser tu m'as cassé l'épaule bon sang, grogne Natsume.

- J'accepte tes excuses, dis-je en souriant. 

- Quelles excuses ? Je t'ai dis que je m'excusais pas, proteste-t-il.

 

Je ne réponds rien et me contente de sourire. Sous ses airs de grincheux aigri je suis sûre qu'il n'est pas si méchant. Il ne peut s'empêcher de m'insulter de crétine encore une fois en me donnant une pichenette mais venant de lui je vais prendre ça comme une marque d'affection. 

 

- On devrait rentrer, la nuit va bientôt tomber, avertit Natsume.

 

J'acquise. Il se lève et je fais de même. Je le suis sans un mot jusqu'à la ferme. Kaoru et Aoi sont en pleine préparation du dîner, je décide de les aidées. Nous cuisinons toutes les trois dans la joie et la bonne humeur. C'est beaucoup plus agréable que de préparer le repas seule comme je fais à la maison. Je ne sais pas où est Natsume, il s'est éclipsé après m'avoir ramené. 

 

Pendant le repas comme à midi, l'ambiance est à la bonne humeur et aux rires. Je ne pense pas à mon père, ni à mon monde, je profite des instants que je passe avec ces personnes charmantes. Je me souviens pas avoir autant ris. Je ne peux m'empêcher de jeter des coups d’œil à Natsume de temps en temps, parfois un petit sourire se dessine sur ses lèvres avant de reprendre contenance. J'aime ses moments, ceux où il lâche prise et fais tomber son masque de "monsieur impassible".

 

Aoi m'apprend qu'on est en été, comme dans mon monde. Pendant qu'Aoi et sa mère débarrasse et nettoie la table, Natsume me demande ou plutôt m'ordonne de le suivre. Je ne proteste pas et lui emboîte le bas. Nous arrivons dans un champs un peu en contre bas de la ferme où il y a une vingtaine de chèvres. 

 

- Bon, on va les rentrer, avertit Natsume. 

- Pardon ? je m'exclame.

 

J'ai bien entendu ? rentrer ? les chèvres ? ces nombreuses chèvres ? Mais comment ? Il m'a pris pour une fermière, une agricultrice professionnelle ou quoi ? Car moi et les animaux ça fait deux au cas ou il ne l'aurait pas vu. Je les adore mais eux ne m'aiment pas. Je me suis fait mordre deux fois car des chiens, maintenant j'ai peur des animaux en général. Et puis d'abord elles ont mangés ? Je vois déjà la biquette me charger et me courser dans tout le champ pour me croquer . Il avait perdu la tête !

 

- Ils faut les rentrer à cause des loups, explique-t-il.

- Des loups ? je crie les yeux sortis de leurs orbites. 

 

Des loups ? C'est maintenant qu'il me dit qu'il y a des loups ? Alors que je viens de la forêt, et que j'y suis retournée pour chouiner dans mon coin tout à l'heure? J'aurai pu croiser une de ses méchantes bêtes. D'ailleurs je devrais rentrer tout de suite dans la ferme, c'est pas la biquette qui va se faire manger mais moi à se train là. Je fais quelques pas vers la maison quand on m'attrape le bras pour me stopper.

 

- Où vas-tu ? 

- A la ferme, tu parles de loups je vais pas rester dehors alors que la nuit va tomber dans quelques minutes, dis-je à toute vitesse en commençant à paniquer.

- Du calme, tu ne crains rien. Ils sortent tard dans la nuit, m'explique-t-il. Aller on se dépêche, plus vite on les auras rentré, plu vite tu seras à l'abri à la maison.

 

Je grimace et suis Natsume. Il siffle et les chèvres accours vers lui sous ma stupéfaction. On peut dire qu'elles écoutent, je suis impressionnée. Il commence à marcher et elles le suivent à la queue, les unes derrière les autres. Je le rejoins et marches avec lui à la tête du peloton. Ce n'est pas si difficile finalement, même si je me doute que sans lui je n'aurai pas ramené une chèvre. Une fois les animaux dans la grange, on s'occupe des poules et on nourrit les vaches. 

 

Je m'assois exténuée, transpirante en reprenant mon souffle. Travailler à la ferme est vraiment épuisant, surtout quand on n'a pas l'habitude. Natsume me tend un verre d'eau, je le prend en le remerciant avant de le porter à mes lèvres. Je le bois d'une traite et lui redemande un verre. 

 

- Bon travail, je pensais pas que tu tiendrais, dit-il en me tendant mon verre d'eau.

- Tu pensais que je prendrais la fuite ? taquiné-je en le saisissant.

- Oui, avoue-t-il.

- Vous êtes gentils avec moi, c'est normal que j'aide. Et puis j'ai nul part ou aller alors je vous suis reconnaissante de m'héberger, souris-je.

- Ah oui, cette histoire d’amnésie, est-ce que ton nom est vrai au moins ? 

 

Il pense vraiment que je suis une menteuse mais je ne peux pas lui en vouloir, même si c'est légèrement blessant. 

 

- Mikan SAKURA est vraiment mon nom. C'est juste que je ne suis pas encore prête à vous dire certaines choses. On a tous des choses dont on a honte, des petits secrets, souris-je.

 

Je ne peux pas encore leur dire que mon père me frappe, j'ai trop honte. Je sais qu'ils se doutent que je suis battue, il faudrait être aveugle ou complètement idiot pour ne pas s'en rendre compte mais ils ne savent pas par qui et c'est très bien comme ça pour le moment.

 

- Tu veux peut-être te laver avant d'aller te coucher ? demande-t-il.

 

Oh oui j'en rêvais ! Une bonne douche, bien chaude mais je doute que ce soit ce qu'il me propose. Je me vois déjà dans un puits à me laver à l'eau froide. Je le suis derrière la maison et découvre un gros tonneau métallique sur-élevé avec en dessous, du bois. On dirait une grosse marmite. Il a prévu de me faire cuire ? Je remarque sur le coté des pierres posées de telle façon que cela forme un petit escalier. 

 

- Je vais rallumer le feu, Aoi a pris un bain tout a l'heure l'eau doit être encore tiède. 

 

Il se penche et ravive la braise sous le tonneau. Me baigner dans l'eau ou Aoi à pris son bain me parait bizarre mais j'essaye de ne pas y penser. Je veux juste me laver, même l'eau de la rivière où les poissons font pipi me conviendrait.

 

- Je te laisse, je prendrais mon bain après. N'oublies pas d'éteindre le feu quand la température sera bonne, sinon tu vas cuire, sourit-il.

 

Je le regarde partir légèrement gênée, il allait entrer dans l'eau après moi ? Dans mon eau sale ? Que je partage la même eau avec Aoi passe encore, c'est une fille mais lui est un garçon bon sang. C'est intime. Je soupire et attend sagement que l'eau chauffe. Quand je juge que la température est bonne, j’ôte en silence la robe qu'on m'a prêtée et mes sous-vêtements avant de les poser sur un petit tabouret à côté. Je monte les marches et entre dans le tonneau. L'eau est parfaite. Je gémis de plaisir quand je sens l'eau chaude entrer en contact avec ma peau. Mes pieds touchent quelque chose, je plonge ma main pour analyser l'objet suspect. Il s'agit d'une sorte de tabouret posé au fond afin de s’asseoir je pense. J'y pose donc délicatement mes fesses. C'est plus agréable, je barbote tel un poisson dans l'eau. J'ai l'impression d'être dans une baignoire, rustique certes. Après une dizaine de minutes, je décide de sortir. Je m'habille et m’éclipse rapidement avant que Natsume revienne. Je n'ai pas envie de le voir entrer dans MON eau. Je rejoins la chambre d'Aoi et je la trouve allongée sur son lit. La nuit est tombée depuis presque une demi-heure, la pièce est plongée dans l'obscurité mais je parviens a distinguer une paillasse en bas à côté du lit d'Aoi grâce à la lumière lunaire. Je me débarrasse de ma robe et m'endors en sous-vêtement.