Passion - Chapitre VII

Lorsque j'ouvre les yeux, je suis toujours allongée dans les bras de Sasuke. Quand je lève la tête, je vois qu'il me fixe. Je rougis, gênée. Depuis quand me regarde-t-il dormir ? J'espère que je n'ai pas bavé ! Ça serait vraiment la honte, pour le genre sexy on repassera ! Il est toujours en caleçon et moi en pyjama short.  

— T'es réveillé depuis longtemps ? demandé-je. 

— Hum... environ dix minutes, répond-il après avoir réfléchit quelques secondes. 

— Tu me regardais dormir ? questionné-je gênée. 

— Oui, sourit-il. 

Oh mon dieu, j'espère que je dors comme une princesse, et non comme une grosse sauvage avec la bouche ouverte et un trait de bave. Et puis, qui regarde les gens dormir franchement ? A part dans les films ou dans les stupides bouquins à l’eau de rose. 
 

— T'es belle quand tu dors, murmure-t-il. 

Je souris et je vais le remercier quand il me devance. 

— T'es sexy quand tu baves, taquine-t-il.  

Je fais mine d'être vexée et ouvre la bouche pour l'insulter de "gros naze". Oui, je sais que je peux mieux faire. Je lui donne une petite frappe sur l'épaule. J'amorce un mouvement pour une autre tape quand il me bloque la main en l’air. Il me regarde avec son petit sourire en coin avant de me bousculer pour se retrouver au-dessus de moi. Il attrape mon autre poignet et me les bloque derrière la tête.  

— Alors, on fait moins la maline ? susurre-t-il à mon oreille. 

J'essaie de me dégager en gigotant dans tous les sens, mais rien n'y fait. Il a trop de force et je suis toujours coincée. 
 

— Tu vas te calmer oui, ronchonne mon beau ténébreux. 

A ses mots, il se plaque contre mon corps tout en ondulant légèrement du bassin. Très vite, je sens une bosse dure se former dans son boxer. Il frotte son érection doucement et lentement contre mon entre-jambe. Ma respiration se fait haletante, presque bruyante. Une chaleur lascive émerge de mon bas-ventre. Je suis sa prisonnière, bloquée sous son corps, je subis la plus merveilleuse des tortures. Je sens mon intimité s'humidifier, mon pauvre short doit être trempé. Je me mords la lèvre inférieure, folle de désir. J'ai envie de lui. Je veux qu'il me pénètre, maintenant. J'allais lui demander de me prendre quand on toque à la porte. Bordel !  

On s'immobilise tous les deux. Je vois dans ses yeux de l'excitation mélangé à de la peur. La porte était-elle fermée ? On entend et on voit la poignée se tourner, mais la porte reste close. Nous poussons un soupir de soulagement. 
 

 — Sasuke, t'es là ? demande la voix de mon frère. 

Il a le don pour être là où il ne faut pas celui-là ! 

— Qu'est-ce que tu veux ? demande Sasuke. 

— Je reviens de chez Hinata, mais je repars. Je ne serais pas là ce soir, averti Naruto. 

— Tu vas où ? questionne Sasuke. 

— Chez une fille que j'ai rencontré sur un site de rencontre. Elle m’a promis qu’elle serait habillée en infirmière sexy et qu’elle m’ausculterait avec grand soin. Ça a l’air sympa, les jeux de rôle, rit-il. 

J'ai envie de vomir. Les hommes et leur infidélité. Ça me rappelle de mauvais souvenirs et la trahison de Saï. Mon frère peut l'insulter de connard, mais il ne vaut guère mieux de ce côté-là. Hinata est une fille si gentille, et je suis sûre que s'il y avait un peu plus de communication dans leur couple, leurs problèmes s'arrangeraient. Mais les hommes sont des lâches, ils préfèrent fuir que de résoudre leur problème. Si Hinata apprenait la tromperie de mon frère, elle aurait le cœur brisé. A plusieurs reprises j'ai voulu sous-entendre ou faire semblant de gaffer l'infidélité de Naruto devant sa copine, mais j'aurai eu des ennuis avec mon frère. Et ce n'était pas mon but. Alors j'ai décidé que ce n'était pas mes affaires et que je devais rester en dehors de ça. Mais j'attends impatiemment, le jour où tout va lui péter à la gueule pour qu'il assume enfin. Si ça arrive... 

— Bonne baise, lance Sasuke. J’espère que lui feras une piqure avec ta grosse seringue. 

J’écarquille les yeux et lui mords l’oreille lui arrachant un gémissement rauque. Je n’ai pas envie d’entendre parler de l’engins de mon frère, merci. C’est trop génant ! 

— Tu es avec quelqu'un ? demande Naruto. 

— Oui, la même que la dernière fois, répond Sasuke en me faisant un clin d’œil. 

— Ah oui, la bonasse accro à ta bite ? Celle qui à la chatte en feu et qui en redemande ? T’es tombé sur la nympho du coin, rit mon frère. 

J'ouvre grand les yeux, outrée par les propos de mon frère. Sasuke lui avait parlé de moi comme étant addicte à son pénis ? J'imagine la tête de mon idiot de frangin s'il savait qui était la fameuse fille accro à la bite de son meilleur ami ! Je n’oublie pas la deuxième partie de la phrase : celle qui a la chatte en feu et qui en redemande. Je crois que celui qui revient gratter sans cesse à la porte de mon vagin, c’est le gros matou ici présent. On en reparlera plus tard, mon pote. 

— C'est ça, c'est elle en chair et en os. Aller dégage, elle fait sa timide et ne veut pas me faire une petite fellation tant que tu es là, ment Sasuke. 

— Veinard, rit Naruto en s'éloignant. 

J'attends quelques secondes pour être sûr que mon frère soit sorti de l'appartement. Une fois que j'entends la porte d'entrée claquer je me détends. Je fixe Sasuke qui ne me lâche pas des yeux, me dévorant du regard. 

— Alors comme ça, je suis accro à ton pénis ? taquiné-je.  

— Oui, et tu vas la mettre dans ta bouche, murmure-t-il avec son regard de braise. 

— Je ne sais pas. J’ai tellement la chatte en feu, qu’il faut peut-être que j’aille me la refroidir sous l’eau froide, dis-je en levant les yeux au ciel. 

— Je peux régler ce problème avec ma grosse seringue. 

J’éclate de rire. Il croit vraiment que ce genre de phrase m’excite ?  

—  Te moque pas de Sasuke Junior, gronde-t-il gentiment. 

—  Oh, cette petite chose à un nom, ris-je. 

Il se mord la lèvre inférieure avant de presser son érection dur et chaude contre mon bassin.  

—  Sasuke Junior est tout sauf “une petite chose”. 

Il attrape une de mes mains qui était toujours bloqué au-dessus de ma tête et la descend. Mes doigts effleurent d’abord son torse, puis se referme autour de la verge imposante de Sasuke. Il m’intime un mouvement de haut en bas, d’abord lent, puis plus rapide. 

Un grognement rauque s’échappe de ses lèvres tandis que je continue à la branler, sa main à quitter la mienne. Il ferme les yeux et profite du plaisir que je lui donne.  Merde, ce n’était pas prévu. Je dois arrêter avant de me mettre en retard. Et puis, ça lui servira de leçon. La nympho chaude comme une baraque à fritte est bien dans cette chambre, mais elle porte le nom de Sasuke. 

Le pauvre va être déçu. Je retire délicatement ma main et lui dépose un rapide baiser sur les lèvres avant de me redresser. Il me dévisage surpris. Et oui, mon grand, toi et ton pénis aller devoir attendre ! Je m'extirpe et sort du lit. 

— Tu vas où ? m'interroge Sasuke. J’espère que c’est pour aller enfiler une guêpière ou autre chose de ce genre. 

— Je vais bien enfiler quelque chose, mais rien de ce soir mon bichon.  Ce soir je vais manger avec Ino et Kiba. 

Au nom de Kiba, Sasuke change de tête. Il fronce les sourcils et je vois la jalousie pointer le bout de son nez. Mais ça, il ne l'avouera jamais avec sa fierté et son égo surdimensionné. Je m’en fiche, le voir dans cet état me fait plaisir. Je sors de la chambre en laissant Sasuke en boxer sur ton lit avec son érection au garde-à-vous toujours apparente. 

 *** 

Je suis assise à table avec Ino et Kiba, dans un restaurant sushi de la ville. Ma meilleure amie et moi sommes fans de la cuisine japonaise. Dire qu’on adore ça serait un euphémisme. Je suis en train de déguster ces délicieux sushi quand je sens mon portable vibrer dans la poche de mon jean. Je suis sûre qu'il s'agit de Sasuke, le pauvre doit être frustré. Je sors mon portable et je suis surprise de voir que l'expéditeur du message est Hinata. Elle ne m’a jamais écrit, pourquoi aujourd’hui ? 

“Salut Sakura, on peut manger ensemble demain midi ? “ 

Nom d'un petit bonhomme en mousse ! Qu'est-ce qu'elle peut bien me vouloir ? J'aime beaucoup Hinata. C'est une fille gentille et adorable, mais nous ne sommes pas très proches. Du moins, pas au point d'aller manger ensemble un midi. Est-ce qu'elle aurait appris les tromperies de mon idiot de frère ? Non, quand même pas, et puis ce n'est pas à moi qu'elle écrirait. Enfin, je crois... Mon cerveau est en ébullition, j'imagine une multitude de scénarios possibles. Bordel, pourquoi est-ce que c'est toujours sur moi que ça tombe ces choses-là. Je sens que je vais regretter ce repas.... Je pianote rapidement sur le clavier numérique de mon smartphone. 

“Coucou Hinata ! Oui, bien sûr, avec plaisir. Où veux-tu aller manger ?” 

Une fois le message envoyé, j'essaie de me concentrer sur la conversation à table. J'ai beaucoup du mal à suivre le fil conducteur, à vrai dire, je n'ai aucune idée de ce qu'il se raconte. Je suis perdue dans mes pensées, imaginant de nombreux scénarios du déjeuner de demain. Le reste de la soirée se passe bien, Ino et Kiba ont beaucoup échangé tous les deux. Quand mon amie m'a demandé ce qu'il se passait et pourquoi j'étais étrangement silencieuse, j'ai prétexté ne pas être en forme. Je ne veux pas étaler la vie de mon frère et sa copine, alors je préfère ne rien dire. Ce sont leurs affaires, pas les miennes. Alors, pourquoi j'y suis mêlée ? J'ai l'impression d'avoir le cul entre deux chaises.  

Quand je rentre à l'appartement, l'horloge dans le salon affiche dix heures. Il n'y a personne, pas un Sasuke à l'horizon. Je me dirige vers sa chambre et toque à la porte. Pas de réponse. Je l'ouvre doucement et je suis déçue de voir la pièce vide. J’enfile mon pyjama avant de m'assoir sur mon lit. J'attrape ma liseuse sur la table de nuit et décide de continuer le livre que j'ai en cours.  Quelques minutes plus tard, je pousse un long soupir. Je n'arrive pas à me mettre dedans, je relis cinq à dix fois les mêmes lignes sans que mon cerveau n'en comprenne le sens. Je suis tracassée, la tête ailleurs. Une question tourne en boucle dans mon esprit : Où est donc passé Sasuke ?  Ne me dites pas qu’il est allé se venger en rejoignant Karin ?  

J'ai envie de lui envoyer un message. Lui demander où il est, ce qu'il fait et avec qui ? Mais suis-je vraiment bien placée pour lui poser toutes ses questions ? Il a dit qu'on était exclusifs, mais pas que l'on sortait ensemble. Je n'ai peut-être pas le droit de l’interroger sur ce qu'il fait... En encore moins avec qui il est. Bien que ça me fait chier, il n’a pas de compte à me rendre.  

Je remarque que l'on n'a pas clairement défini notre relation. Et puis merde, j'ai envie de savoir ! Quitte à passer pour une relou, au pire, je dirais que j'avais trop bu de Saké et que j'étais bourrée.  Voilà, j'ai mon excuse. C’est pas mal ça, on fait et dit toujours n’importe quoi quand on boit de l’alcool non ?  

J'attrape ou plutôt, me jete sur mon téléphone et je commence à taper mon message. J'écris, j'efface pour réécrire et effacer à nouveau. Ce petit manège dure de longues minutes. 

Une fois terminé, je le relis une fois, deux fois puis dix fois le texte sous mes yeux. Bon sang, dois-je vraiment l'envoyer ? Je vais passer pour une chieuse. Une chieuse bourrée, mais une chieuse quand même. Et s'il était avec des filles ? Qu'elles le draguaient et qu'il rentrait dans leur jeu ? On ne peut pas dire que Sasuke soit très... euh comment dire... Insensible à ce qui possèdent une paire de sein et un vagin. 

Ça m'agace ! Pourquoi suis-je aussi faible face à un mec. Maudit cœur d'artichaut ! J'efface le message et jette mon téléphone au bout du lit. Je suis énervée, je suis sûre qu'il flirte. Je l'ai bien cerné et je sais que ce mec est un homme à femmes, avec un grand S. Pourquoi je me mets dans cet état pour lui ? Je suis vraiment une idiote. Je m'allonge dans le lit et enfonce ma tête dans l'oreiller.  Je me maudis d'être aussi faible quand j'entends la sonnerie de mon portable. Je bondi et me jette dessus. Je suis irrécupérable ! 90% que c’est Sai en plus.  

Je souris quand je vois le nom qui s'affiche : Sasuke. Je laisse mon téléphone sonner encore quelques secondes, sinon il va croire que je suis à ses pieds et que j'attendais son appel. Ne jamais décrocher à la première sonnerie, c'est une règle d'or, sinon le mec sait que vous lui mangez dans la main. Je décroche.  

— Allo, dis-je en feignant un bâillement. 

— T'es rentré ou Kiba est si ennuyant que ça ? me demande-t-il. 

Je n’arrive toujours pas à croire qu’il m’est appelé ! S’il me dit qu’il voulait juste entendre ma voix, c’est officiel, je suis en train de rêver ! 

— Oui il y a une demi-heure environ. T'es où ? questionné-je à mon tour. 

Je grimace, j'ai posé la fameuse question qui me brulait les lèvres depuis de nombreuses minutes. Merde, c'est sorti tout seul ! J’ai envie de me taper la tête contre le mur. J'appréhende sa réponse, est-ce qu'il est dans une soirée étudiante ? Est-ce que je viens de passer pour une chieuse ? Ah, le contrôle Sakura ! Le contrôle ! 

— Je suis chez Temari, avec Shika, Naruto et Hinata. On s'est fait une soirée pizza. Dommage que tu n'étais pas là, ça aurait été cool. 

J'inspire un bon coup, soulagée et touchée par ses mots. Il n'est pas à une soirée étudiante, et il aurait voulu que je sois avec lui. Je souris bêtement. Ma rupture m’a fait sauter les neurones. Puis je me rappelle un détail : mon frère ne devait pas ne pas être présent ce soir, mais chez une de ses aventures d'un soir, non ? Il ne devait pas jouer une mauvaise scène de porno en jouant au patient et l’infirmière sexy ? 

— T'es tout seul là ?  

— Oui. Je suis sur le balcon, pourquoi ? s'étonne-t-il. 

— Mon frère n'était pas parti voir une de ses pouffes ?  

Sasuke soupire et mets quelques secondes à reprendre la parole. 

— Si, mais il a dû rappliquer ses fesses en vitesse. A mon avis, il n'a même pas eu le temps d'avoir sa fellation, plaisante Sasuke. 

Bien fait pour mon idiot de frère, ça lui apprendra. Je lui demande comment va Hinata, il a l'air étonné par ma question. Il réfléchit un instant avant de répondre. 

— Hum... je ne sais pas. Tu sais, on ne l'entend jamais beaucoup, ce n'est pas une grande bavarde. Je ne crois pas avoir entendu un mot sortir de sa bouche ce soir. Mais pourquoi tu me pose cette question ? m'interroge-t-il suspicieux. 

— Pour rien, éludé-je rapidement. Je vais me coucher, je bosse demain. Si tu veux me rejoindre sous les draps à ton retour, tu es le bienvenu si tu veux, proposé-je. 

— Avec plaisir, répondit-il d'une voix rauque. 

Mon petit doigt me dit qu'il ne va pas tarder à rentrer. Je raccroche et pose mon téléphone sur la table de nuit avant de m'allonger confortablement sous les draps. Je mets quelques minutes avant de sombrer. 

Je suis réveillée par des petits bruits provenant de ma chambre. J'ouvre doucement les yeux et allume la lampe de chevet. Sasuke est en train de se déshabiller, il s'attaque à la boucle de sa ceinture. Il me rejoint quelques secondes plus tard, seulement vêtu d'un caleçon noir. Il se glisse sous les couvertures et se colle à moi. J'aime la proximité de nos deux corps, sentir ma peau contre la sienne. Ce soir nous ne faisons pas de folie et ça me va très bien. Il ne m'a pas rejoint avec des arrière-pensées, au contraire, il est juste venu pour dormir ensemble en tout innocence. Ça me fait encore plus plaisir. Nous sombrons dans les bras de Morphée en quelques minutes, fatigués.  

La sonnerie de mon réveil me sort de mon profond sommeil, malheureusement il est l'heure de se lever pour aller au boulot. Je tourne la tête et vois Sasuke toujours endormi. Sa poitrine se soulève au rythme de sa respiration. Il a l'air d'un enfant, innocent et sage. On ne dirait pas que derrière ce visage d'ange, se cache en réalité un vrai don juan. Je l'admire quelques secondes, un petit sourire aux lèvres. Je dépose un rapide baiser sur sa joue et me lève doucement en faisant le moins de bruit possible pour ne pas le réveiller. Je sors dans la chambre à pas de loup. En entrant dans la cuisine, je découvre Shikamaru assit devant un bol de céréales, baillant à s'en décrocher la mâchoire.  

— Salut, dis-je. 

— Salut, répond-il entre deux bâillements. 

— Et bien, je ne suis pas la seule à ne pas être matinale, taquiné-je. 

Shikamaru esquisse un petit sourire et s'étire de tout son long sur sa chaise. Je me prépare un bol avec du lait et des corn flakes quand je sens le regard insistant de mon colocataire dans mon dos. Je m'installe en face de lui et l'interroge d'un signe de tête. Sasuke m’a dessiné une bite sur les joues pendant la nuit ou quoi ? 

—  Ça fait longtemps ? demande-t-il. 

— Pardon ? m’exclamè-je sans comprendre le sens de sa question. 

— Sasuke et toi, précise-t-il. 

— Ah, réponds-je bêtement prise de court. 

Je m'attendais à ce qu'on se fasse cramer, c'était inévitable en vivant à quatre, mais pas si vite. Et une fois mise devant le fait accompli, je ne sais pas trop quoi dire. Je n'ai aucune idée de ce qu'en pense Shikamaru, avec son air nonchalant et je-m'en-foutiste, il est parfois difficile à cerner. Il a l'air de ne rien prendre au sérieux. Mais que pense qu'il de notre relation, à Sasuke et moi ? Je n'aime pas et ne sais pas mentir, alors je décide de lui dire la vérité. 

— Pas longtemps, depuis que je suis venue ici. 

— J'ai eu des doutes dès la soirée en boite, vous aviez l'air proches même si vous gardiez vos distances. On n'apprend pas aux vieux singes à faire la grimace, sourit-il.  

— Avec mon frère c'est compliqué.... Je ne sais pas comment il réagirait. Mal je pense, soupiré-je. 

— Ouais, il ne serait pas ravi, grimace Shika. Sasuke n'a pas très bonne réputation au niveau des filles, mais ça je ne te l'apprends pas.... Il n'aimerait pas que sa sœur soit avec un mec comme ça. Naruto est un peu crétin, il n'a pas encore vu les petits signes entre vous.  

J'ai envie d'ajouter qu'il faudrait déjà qu'il découche un peu moins pour s'en apercevoir, mais je me tais. Je change de sujet en le questionnant sur ses études et sur ce qu'il veut faire plus tard. Une fois mon bol fini, je débarrasse et le range dans le lave-vaisselle. Je quitte Shika pour aller me préparer dans ma chambre.  

Sasuke dort toujours, une vraie marmotte celui-là. Je le secoue un peu pour le réveiller, mais c'est sans effet. Je soupire et le laisse finir sa nuit. J'allume la lumière pour m'habiller. J'enfile un jean et un pull blanc avant de filer à la salle de bain pour me maquiller rapidement.  

La matinée est passé plutôt rapidement, j'ai pas mal pensé à ma rencontre avec Hinata du déjeuner. Je suis assis à une table pour deux personnes, attendant la copine de mon frère dans le restaurant prévu. Je m'agite nerveusement sur ma chaise. Nom de dieu, si c'est pour parler de Naruto, je vais le maudire jusqu'à la fin de mes jours. Il n'a pas idée de me mettre dans une situation pareille !  

Hinata arrive quelques minutes plus tard, vêtue d'une jolie robe bleu marine et d'un manteau noir. Elle s'installe face à moi en me saluant d'un petit sourire. Le repas se passe bien, on parle de tout et de rien. Elle n'a toujours pas abordé ce qui la préoccupe, car quelque chose la chiffonne, je le vois bien. Elle joue souvent avec ses mains, signe de stress. Le serveur nous amène notre dessert, il dépose mon fondant au chocolat avec supplément chantilly devant moi. J'en salive d'avance ! Hinata s'est contenté de prendre une coupe de fruit, j'ai vraiment l'air d'une grosse morfale à côté d'elle. Avant d'entamer cette merveille devant mes yeux, je me lance. 

 —  De quoi voulais-tu parler ? demandé-je doucement. 

Hinata ne répond rien, elle me fixe la bouche légèrement entre ouverte. Je pose ma main sur la sienne pour la rassurer. J'esquisse un petit sourire. 

— Vas-y, je sais qu'il y a quelque chose. Je t'écoute, l’encouragé-je gentiment. 

Ses yeux se posent sur nos mains pendant quelques secondes. Puis son regard croise le mien avant de le soutenir. Ses yeux s'humidifient, et rapidement une larme s'échappe pour couler le long de sa joue. 

Merde ! Putain, Naruto je vais te buter !  

Elle retire doucement ses doigts de sous les miens et la plonge dans son sac pour chercher un mouchoir. Elle se tapote le dessous de ses yeux avec le papier. Elle renifle avant de reprendre la parole. 

—  Je ne comprends plus Naruto. On se voit moins qu'avant, il est plus distant. Quand j'essaye d'avoir une conversation avec lui, il se ferme comme une huitre et ne dit plus rien. Je vois bien que quelque chose ne va pas, mais impossible de lui tirer les vers du nez. Il me répond que tout va bien, mais je sais que c’est faux. Je ne suis pas aussi idiote qu’il le pense. 

—  Il ne le pense pas Hinata, chuchoté-je. 

—  Je ne sais plus quoi faire, ni comment m'y prendre. Je suis complètement perdue, Sakura. Je ne sais pas ce qui ne va pas et ça me rend folle ! Il ne m'aime plus et n'ose pas me le dire, c’est ça ? Il t'a parlé de quelque chose ? me demande-t-elle le regard triste. Je t’en supplie, dis-moi. 

Nom de Dieu, dans quoi mon frère m'a-t-il embarquée ?! J'ai vraiment mal au cœur pour elle, la pauvre. Le chagrin et l’impuissance est perceptible dans sa voix, elle souffre ça saute aux yeux. Elle semble en plein désarroi et désemparée face à la situation. Elle est perdue, ne sachant comment si prendre pour régler le souci, qu'elle ignore au passage. Elle ne sait même pas ce qui ne va pas dans son couple et ce qu'il se passe avec mon frère. Comment peut-on trouver une solution quand on ignore le problème. Si mon idiot de frangin était en face de moi, je lui arracherais ses petites cojones de tapette, je vous le dis. Bordel, les mecs sont tellement lâches parfois ! Ils fuient les conversations sérieuses comme la peste et mon frère fait partie du club des gros dégonflés. Alors que tout, ceci pourrait être résolu en parlant simplement et calmement avec son partenaire. La communication est la base d'un couple.  

Je ne sais pas quoi répondre à Hinata. La vérité va lui briser le cœur, c'est tellement cruel. Pourquoi les mecs ne peuvent-ils pas garder leur petite bite dans leur caleçon. Je pousse un soupir avant de répondre. 

— Je ne sais pas quoi te dire Hinata. Tu me prends un peu au dépourvu. Ce n'est pas à moi de te révéler le problème, mais à mon lâche de frangin. Tout ce que je peux te dire, c'est que mon frère malgré ce qu'il peut faire, t'aime vraiment, ça j'en suis sûre. Je pense qu'il s'est un peu perdu ces derniers mois. Peut-être a-t-il vu Sasuke comme un "model" et s'est fait influencer par sa philosophie, sous-entends-je pour aiguiller Hinata. 

Elle reste silencieuse, le regard perdu dans le vide. Elle réfléchit et analyse mes mots. Je sais que c'est une fille intelligente et qu'elle va comprendre mon sous-entendu. Quelques secondes plus tard, des larmes dévalent ses joues. Elle n'arrive pas à les retenir. Elle a compris. Elle sait que mon frère la trompe. Elle essuie d'un geste brusque sa joue droite puis sa joue gauche. Son regard exprime maintenant de la colère en plus de la tristesse. 

— Il me trompe, affirme-t-elle la voix tremblante. Voilà le problème. Ce gros débile me trompe. Et il ne l'assume pas ! Mais pourquoi ? Comment peut-il me faire ça alors qu'il dit m'aimer ? Tu ne peux pas trahir la personne que tu aimes de la sorte, ce n'est pas possible ! Hein Sakura ? Comment peut-il me faire ça ? Comment ? s'étrangle-telle. 

Elle sanglote, les yeux baignés de larmes. Elle souffre. Je me sens minable, j’aurais peut-être dû fermer ma gueule. Non seulement j’ai fait du mal à Hinata, mais en plus, si mon frère sait que je lui ai dit, il va me tuer.  

Je lui lance un regard rempli de compassion, car je sais ce plus que quiconque ce qu’elle vit en ce moment. Je suis passé par là. Est-ce mieux de savoir la vérité aussi blessante soit-elle ? Ou ne rien savoir et continuer à vivre dans l’ignorance ? Aurais-je préféré ne jamais découvrir les tromperies de Sai et rester à ses côtés ? Non. Je crois que je suis heureuse d’avoir su. 

 Je lui prends la main pour la serrer en guise de réconfort. Je n'aime pas voir les gens pleurer, encore moins une fille aussi douce et gentille qu'Hinata. Elle ne mérite pas ça. Malheureusement, je n'ai pas la réponse à sa question, la même que je me suis longuement posée après la trahison de Saï. Pourquoi les garçons nous font-ils autant de mal ? Pourquoi vont-ils voir ailleurs ?  

— Je ne sais pas Hinata. Je n'ai pas compris non plus comment et pourquoi Saï a pu me faire ça. Il disait m'aimer et il m'avait même demandé en fiançailles. Et pourtant ... On sait ce qui est arrivé. Aujourd'hui encore, je n'ai pas les réponses à toutes ses questions et je pense que je ne les aurais jamais. Je ne peux pas te dire de l'excuser, ça serait hypocrite de ma part. Moi-même je n'ai pas pu pardonner à mon ex, mais on est toute différente. Toutes les histoires sont différentes, d’autres femmes trompées ont pardonné. Chacun fait ses propres choix. 

— Depuis quand ? demande-elle doucement. 

Je sais pourquoi elle me pose cette question. Elle espère que la tromperie est récente, que Naruto a commencé à être infidèle depuis quelques jours voire quelques mois. Mais qu'importe la durée, la douleur est là. Le mal est fait. J'aimerais lui dire qu'il ne l'a trompé qu'une seule et unique fois, mais ça serait mentir. Je pense qu'elle a besoin de savoir la vérité, quand bien même elle fait mal. 

— Honnêtement, je n'en sais rien. Je ne suis pas au courant de tout... Depuis plusieurs mois, réponds-je gênée. 

—  Après plus de trois ans d'amour, il ose me faire ça, sanglote-t-elle.  

Je resserre mon étreinte sur sa main. La pauvre, ce repas a viré au cauchemar pour elle. Une descente aux enfers. Elle encaisse la tromperie de mon frère, la trahison. On n'imagine pas une seule seconde que la personne qu'on aime et qui nous aime faire ce genre de chose. Je suis passé par là, je sais que qu'elle vit et ce qu’elle ressent en ce moment. Elle va se remettre en question, s'en vouloir de n'avoir rien vu, ni fait pour éviter ça. Mais le seul coupable est mon frère, ce lâche qui a préféré la facilité. C'est plus simple de tromper et fuir les problèmes, que de prendre son courage à deux mains et avoir une discussion sérieuse. Ah les mecs... dès qu'il faut assumer ces conneries, il n'y a plus personne. 

— Hinata, il faut que tu saches une chose : ce n'est pas ta faute, tu n'es coupable de rien. Tu as essayé de parler avec lui et tu as eu affaire à un mur. Si mon frère avait un souci ou quelque chose qui le préoccupait, c'était à lui de venir t'en parler. Tu ne pouvais pas deviner toi, tu n'es pas devin. La personne qui a merdé dans votre couple, c'est lui ! Pas toi, tu comprends ? Tu n'as pas à t'en vouloir de quoi que ce soit. 

Hinata esquisse un faible sourire et me murmure un petit merci. Mon regard se pose sur sa salade de fruit, qu'elle n'a pas encore touchée. Je pense qu'elle n'en prendra pas une bouchée, mon frère doit lui avoir coupé l'appétit. Naruto va m'en vouloir, s'il sait que la fuite vient de moi.  

— Je suis désolée, je vais rentrer. J'ai besoin de digérer et d'être un peu seule. Merci de m'avoir écoutée et dit la vérité, me dit-elle en esquissant un faible sourire. 

Elle essuie rapidement et maladroitement ses larmes. Elle se lève et se dirige vers le comptoir pour payer sa part. Après avoir rangé son porte-monnaie dans son sac, elle quitte le restaurant. Mes yeux se posent sur mon fondant au chocolat à moitié entamé, je sais que je ne le toucherai plus. Cette discussion m'a aussi coupé l'appétit. Je pousse un long soupir, et me lève à mon tour pour aller payer le reste de l'addition. Une fois ma part réglée, je quitte à mon tour le restaurant. La vie n'est pas facile, et à l'heure actuelle je pense qu'au final tous les mecs sont les mêmes : des connards infidèles. Je ne suis pas totalement idiote, je sais bien que Sasuke ne changera pas et qu'il me brisera le cœur. C'est ce que font les garçons après tout. Je repars en direction du boulot, le moral dans les chaussettes.